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RDC–Congo Airways : dotation contre rétrocommission, les aveux de Pascal Kasongo Mwema !

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Vendredi, 21 octobre 2022-Entendu par l’Inspection générale des finances quelques jours avant sa fuite, le directeur général de la compagnie aérienne congolaise avait retracé le curieux parcours d’un chèque de 612 500 euros, officiellement destinés à régler des arriérés de salaires. JA a pu consulter en exclusivité les procès-verbaux d’audition.

Samedi 15 octobre, le directeur général de Congo Airways, Pascal Kasongo Mwema, était attendu au Cap, à l’assemblée générale annuelle de l’Association des transporteurs aériens d’Afrique australe (AASA), dont il était un conférencier confirmé. Mais il ne s’y est pas présenté. Il a été remplacé au pied levé par son directeur commercial, Norbert Sengamali Lukukwa, monté à sa place à la tribune – leurs noms ont depuis disparu du programme officiel de l’évènement.

Et pour cause : le directeur général de Congo Airways, en fuite, était alors introuvable – il a depuis été arrêté, selon nos informations. La veille, son directeur financier, Emile Gilbert Kakese, avait, lui aussi, été interpellé. La procédure s’est soudainement accélérée, alors que la compagnie congolaise, dont la gestion est régulièrement critiquée par le ministre des Transports, Chérubin Okende, est depuis des semaines sous le coup d’une enquête de l’Inspection générale des finances (IGF), dirigée par Jules Alingete Key.

Il faut dire que les soupçons de mauvaise gestion au sein de la compagne ont été étayés dès la fin de septembre par les auditions de Pascal Kasongo Mwema et de Emile Gilbert Kakese, dont Jeune Afrique a pu consulter en exclusivité les procès-verbaux.

« Une question de survie »

Dans son enquête, l’inspecteur général des finances Bavon N’sa Mputu Elima s’est intéressé, entre autres paiements flous, à un chèque de 612 500 euros émis le 27 décembre 2021, officiellement pour régler des arriérés de salaires et de gratifications à destination des employés.

Il m’a été dit que si je veux avoir cette somme, il me faudra laisser 20 % de ce montant

Interrogé par celui-ci dans ses propres bureaux le 29 septembre, Pascal Kasongo Mwema, à la tête de Congo Airways à titre intérimaire depuis le mois de juillet 2021, a reconnu que ce paiement avait en fait été employé à titre de rétrocommission, en échange d’une dotation de 3 millions de dollars que la compagnie devait percevoir de la part du ministère de l’Économie au titre « d’entreprise à caractère social » pour le compte du budget 2020.

« Il m’a été dit que si je veux avoir cette somme, il me faudra laisser 20 % de ce montant. J’ai été scandalisé, mais lorsque je [me suis adressé] à mes collaborateurs, ils m’ont dit que c’est comme cela que les choses se passent », a indiqué le directeur général à Bavon N’sa Mputu Elima, avant de reconnaître avoir cédé, faute d’argent. « C’était une question de survie », a-t-il poursuivi, affirmant avoir remis lui-même l’argent à la secrétaire du ministre de l’Économie – à l’époque Jean-Marie Kalumba.

Paiements « non conformes »

Au-delà de cet épisode, l’enquête de Bavon N’sa Mputu Elima cherche à remonter le fil de plusieurs autres dépenses « pas totalement conformes à nos procédures de paiement », comme le formule pudiquement le directeur financier Emile Gilbert Kakese dans une audition du 22 septembre. Encore difficile à estimer, le montant total de celles-ci se chiffre au moins en centaines de milliers de dollars.

Cette affaire intervient au moment où Congo Airways se trouve dans une « situation alarmante », selon les mots du ministre des Transprts, cumulant les arriérés tant à l’égard de ses salariés que de ses prestataires. « Les agents directs accusent des retards de salaires de six mois, et pour les prestataires, c’est dix-neuf mois de retard », indique une source interne. Congo Airways, dont les agents étaient en grève les 18 et 19 octobre, a repris ses vols ce 20 octobre, mais ne dispose plus que d’un Airbus A320 opérationnel, le reste de la flotte étant cloué au sol pour raisons techniques.

 

Avec Jeune Afrique

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