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Santé

« La Place du Vaccin dans la lutte contre la pandémie à Covid-19 en Afrique » (Tribune du Docteur Munkana Matadi Barthélemy)

24 février 2021-L’Organisation Mondiale de la santé (OMS) et Centers for Disease Control and Prevention (CDC) définissent une pandémie comme la propagation d’une nouvelle maladie dans des proportions qui infectent facilement les individus des différentes régions du monde d’une façon durable.

Le 11 mars 2020, l’OMS déclare COVID-19 comme une pandémie par le biais de son Directeur le Dr. Tedros, après que le virus SARS-COV-2 agent causal de COVID-19 ait infecté plus de 118.000 personnes dans 110 pays.

Son origine exacte est actuellement à l’étude bien que de nombreuses publications aient évoqué le marché des animaux vivants de Huanan, situé dans le district de Jianghan, cité de Wuhan, Province de Hubei en Chine comme point de déclenchement de l’épidémie.

L’ancêtre des coronavirus a été retrouvé il y a 10.000 ans dans des espèces d’oiseaux et des chauves-souris. Des études phylogéniques ont convergé vers la chauve-souris et le pangolin comme réservoirs naturel et intermédiaire.

L’identification de la souche « Bat coronavirus RaTG13 » chez les chauves-souris et les pangolins d’Asie du Sud-est a mis en évidence une similitude génétique de l’ordre de 96,2% avec celle découverte chez le premier patient en Chine selon les chercheurs de Wuhan Institute of Virology, confirmant un passage du virus de l’animal à l’homme, et donc une zoonose.

Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus de type 2 ou SARS-COV-2 (COVID-19) qui se transmet par contact direct à partir des sécrétions d’une personne infectée (toux, rhume, salive, mains) a déjà fait suivant Johns Hopkins University un total de 110.394.369 infections dans le monde, 2.443.548 décès dans 192 pays dont 100.358 en Afrique.

La RDC a comptabilisé quant à elle 24.794 cas avec 695 victimes en date du 19 Février 2021. Le continent Africain regorge 17% de la population mondiale avec 3,5% du total des décès causés par SARS-COV-2(COVID-19) qui se manifeste essentiellement par la fièvre, la toux, les courbatures, la perte de l’odorat et du goût et une pneumonie mortelle.

Basées sur l’expérience de la Chine et de l’Europe, de nombreux observateurs ont prédit une mortalité élevée pour l’Afrique à cause de la fragilité de son système de santé et des contraintes économiques. Le scénario est plutôt surprenant car bien que la transmission ait été certes rapide, le continent noir a connu peu de pertes en vies humaines en comparaison à d’autres régions du monde.

Les principales raisons tiendraient selon African Academy of Sciences aux différences sur le plan climatique, génétique, comportemental ainsi qu’aux facteurs immunitaires préexistants dans la population sub-saharienne.

Plus de 150 molécules ont été mises à l’épreuve pour traiter SARS-COV-2 (COVID-19) dont la chloroquine, des antibiotiques, des antirétroviraux, des antitussifs en passant par des plantes médicinales, mais le nouveau coronavirus a maintenu non seulement un taux de reproduction de base élevé (RO : 2-3) comparé à la Grippe Espagnole de 1918-1919 (RO :0,9-2,1), mais aussi une mortalité de l’ordre de 15% chez les patients hospitalisés selon l’OMS (2020).

Vaccination comme ultime moyen de traitement !

Faisant face à sa complexité morphologique, structurelle et génétique, des voies scientifiques s’élèvent pour présenter la vaccination comme ultime moyen de prophylaxie et de traitement pouvant procurer une immunité à long terme. Il se fait que 53% des vaccins les plus prometteurs en 2021 dont Moderna et, 96% pour Pfizer ont été rachetés par les pays les plus riches qui ne représentent que 14% de la population mondiale. Les décideurs Africains devraient se mettre à pied d’œuvre tout en observant les suggestions suivantes :

1) Planifier et coordonner leurs calendriers vaccinaux de manière à identifier les groupes prioritaires pour rendre possible une meilleure distribution des vaccins en temps réel ;

2) Identifier des partenaires tant locaux, régionaux ou internationaux qui subventionneraient les opérations de préfinancement, de logistique et de formation des formateurs et des superviseurs ;

3) Communiquer de façon transparente avec les populations locales de sorte à changer leurs idées préconçues, les mythes et favoriser l’acceptation du vaccin au niveau communautaire ;

4) Respecter la chaine de froid, les doses à administrer et traiter toute manifestation inhabituelle ;

5) Renforcer la surveillance en vue de tracer toute personne vaccinée, enregistrer tout effet secondaire et rapporter auprès du fabricant;

6) Obtenir le soutien effectif des organisations non gouvernementales, du grand public, de la société civile, des confessions religieuses, des activistes des droits de l’homme et des mouvements philanthropiques avant toute campagne de vaccination pour asseoir ensemble la confiance mutuelle ;

7) Associer les médias pour combattre les antivaleurs, la peur, la désinformation et les intoxications ;

8) Respecter les droits humains et spécialement ceux des personnes à risque (vieillards, comorbidités, professionnels de santé,…) et tenir compte de la justice sociale car, sur les 131 millions de doses de vaccins administrés dans le monde, 78% soit 102,48 millions ont été administrés aux USA, en Chine, dans l’Union Européenne et au Royaume Uni ;

9) Etablir des mécanismes de collaboration et de financement entre les pays développés et moins nantis pour coordonner équitablement la riposte universelle contre SARS-COV-2 (COVID-19) ;

10) Renforcer la coopération sous régionale, car l’impact transfrontalier des maladies infectieuses est mieux résolu par des efforts conjugués de manière multilatérale.
La pandémie étant entourée de peur et de méfiance, la transparence est la clé qui pourrait engendrer la crédibilité de l’intervention des gouvernements africains vis-à-vis de leurs populations respectives, entre les firmes pharmaceutiques et les bénéficiaires lequel climat permettrait de minimiser les risques dans la communication relative au vaccin contre COVID-19. Aucun africain ne devrait être laissé-pour-compte.

Qui est Dr Mukana Matadi ?

Né à Kikwit le 11 Août 1978 dans la Province du Bandundu, Docteur Munkana Matadi Barthélemy est l’ainé d’une fratrie de six enfants nés de Mr Munkana Constant et de Mme Mubasa Marie.

Il fit ses études primaires à l’école Primaire Kasa-Vubu et Secondaires au Collège Jésuite Bonsomi à N’djili dans la ville de Kinshasa en République Démocratique du Congo. Il poursuivra ses études de Médecine à l’Université de Kinshasa pour décrocher son diplôme de Médecin généraliste en 2006.

Engagé depuis 2009 à la clinique Ngaliema au service des urgences, il décide en 2017 de s’envoler pour la République Sud-Africaine pour y passer un diplôme en Management du VIH/SIDA. Gradué en 2020 à l’Université de Stellenbosch, il y poursuit encore un MPhil en épidémiologie clinique.

Dr MUNKANA a suivi plusieurs séminaires sur la gestion de la pandémie à COVID-19 en Afrique du sud et compte mettre son expertise au profit de sa communauté. Marié et père de trois enfants, il est un passionné de la recherche.

Travailleur et homme intègre, il a à cœur de voir se matérialiser des projets portant sur la vaccination contre COVID-19 et VIH dans son pays, la RDC, la sensibilisation et l’éducation des jeunes filles vivant dans les communautés défavorisées sur les risques des grossesses précoces et de transmission du VIH/SIDA.

Dr MUNKANA MATADI Barthélemy

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