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Affaire Chebeya : un policier arrêté, deux autres en cavale au Lualaba !

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Samedi, 28 août 2021-Un nouveau policier du commando soupçonné de l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana a été interpellé à Lubumbashi. Mais deux policiers sont toujours enfuite alors que la réouverture du procès Chebeya est très attendue.

C’est en allant retirer sa solde à la Trust Merchant Bank (TMB) de Lubumbashi que le brigadier-chef Doudou Ngoy Ilunga a été arrêté mardi 24 août. Soupçonné d’avoir participé aux assassinats de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana en juin 2010, Doudou Ngoy Ilunga a immédiatement été transféré à Kinshasa. Après onze ans de cavale, le policier fait désormais partie des six membres identifiés du commando responsable du double meurtre.

Quatre policiers sont désormais en prison : le colonel Daniel Mukalay, le major Christian Ngoy Kenga Kenga, Jacques Mugabo et Doudou Ngoy Ilunga. Trois autres sont en exil à l’étranger et ont reconnu avoir participé à l’élimination de Chebeya et Bazana : Hergile Ilunga, Alain Kayeye Longwa et Eric Kibumbe, alias « Sadam ».

Deux policiers toujours en fuite

En 2012, le major Paul Mwilambwe, seul témoin oculaire du double assassinat, avait déjà cité tous les noms des policiers tueurs. Début 2021, le témoignage d’Hergile Ilunga avaient confirmé la liste des huit policiers présents sur les lieux du crime, dont faisait partie Doudou Ngoy Ilunga.

Mais sur les huit membres du bataillon Simba qui ont exécuté le célèbre défenseur des droits de l’homme et de son chauffeur, deux sont encore dans la nature. Il s’agit du lieutenant Bruno Nyembo Soti et de l’adjudant Jeancy Ngoy Mulanga.

Selon nos informations, Bruno Soti se trouverait dans la province du Lualaba, en charge de la surveillance d’un site minier exploité par une entreprise chinoise.

Jeancy Mulanga vivrait également au Lualaba, dans la clandestinité, depuis l’a sortie médiatique des trois policiers en exil.

Numbi le commanditaire?

En prison à Kinshasa, on trouve quatre policiers directement impliqués dans le dossier Chebeya et Bazaba. Mais on retrouve aussi le général Djadjidja, récemment interpellé et accusé d’avoir accueilli sur une de ses concessions le corps de Fidèle Bazana.

Reste maintenant à savoir quand reprendra le procès tant attendu par les familles des victimes et les organisations des droits de l’homme. Il manque pourtant une pièce maîtresse dans le puzzle : le commanditaire du double assassinat.

Pour Paul Mwilambwe et les trois policiers en exil, il n’y a aucun doute. L’ordre venait directement du chef de la police de l’époque, John Numbi, chez qui Chebeya avait rendrez le jour de son exécution.

Déserteur, Numbi conteste l’auditeur général

Pour les ONG des droits de l’homme, les récentes arrestations, ainsi que les témoignages circonstanciés des trois policiers réfugiés à l’étranger, sont des éléments nouveaux susceptibles de rouvrir le dossier pour entendre les membres du commando, mais aussi John Numbi, non plus comme simple témoin, mais sur le banc des accusés.

Depuis mars dernier, le général Numbi a fui la RDC, pour trouver refuge au Zimbabwe.

En « exil », il s’est même payé le luxe de saisir la justice pour contester le général Lucien Likulia, l’auditeur général de l’armée congolaise. Une demande retoquée par la Cour constitutionnelle.

Un dossier sensible avant 2023

Reste maintenant à connaître le calendrier de la reprise du procès Chebeya. Le président Tshisekedi a visiblement donné son feu vert à l’auditeur général des FARDC Likulia pour mener ses enquêtes et procéder aux arrestations.

La visite de la veuve Chebeya à Kinshasa début juillet avait donné l’impression que l’ouverture du procès était imminente. Mais visiblement, le pouvoir en place veut prendre son temps. Le dossier est ultra-sensible.

Car si John Numbi peut être jugé en son absence par contumace, la présidence ne souhaite pas voir surgir du dossier le nom de Joseph Kabila à deux ans d’une présidentielle à haut risque. Dans les milieux sécuritaires, on dit la justice militaire attend l’arrestation des deux fugitifs Soti et Mulanga pour lancer le procès.

Un symbole de la lutte contre l’impunité

La sécurité des détenus demeure une vive inquiétude pour les ONG des droits de l’homme qui craignent pour la vie des policiers emprisonnés : Christian Ngoy Kenga Kenga à Ndolo, le général Djadjidja à Makala, Jacques Mugabo dans une cellule de l’ANR et le colonel Mukalay dans un lieu tenu secret, justement pour des raisons de sécurité.

Les trois policiers en exil ont également alerté sur les risques qui pèsent sur eux, même à l’étranger. Une chose est sûre : Félix Tshisekedi peut difficilement reculer pour rouvrir le procès Chebeya.

Le dossier est emblématique de la lutte contre l’impunité en RDC. Une promesse faite par le président Tshisekedi à son accession à la présidence.

Christophe Rigaud – Afrikarabia

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