Dimanche, 12 décembre 2021-Une taxe illégale pour les uns, une escroquerie du siècle pour les autres, la taxe RAM fait parler encore d’elle en République Démocratique du Congo. Plus d’un mois après le débat houleux sur cette question à l’assemblée nationale, le dossier a refait surface samedi 11 décembre lors l’adoption de la loi des finances.
Présentant son rapport devant les élus nationaux, la commission Economico-financière de l’assemblée nationale a dévoilé, à la grande surprise de tout le monde, qu’elle a été incapable de retracer des millions de dollars déjà collectés.
Ce sont des interrogations sans réponses qui dérangent bon nombre de congolais. Où sont passés les millions de dollars de RAM ? Si l’assemblée nationale, autorité budgétaire n’arrive pas à retracer cet argent, qui le fera ?
La population, victime de cette escroquerie tient à avoir des réponses.
Déjà, les voix se lèvent de partout pour exiger non seulement la suppression de cette taxe jugée illégale par certains élus nationaux, mais aussi toute la lumière sur l’utilisation de l’argent déjà collectés.
‘’Au sujet de la taxe RAM, votre commission a reçu le ministre des PT-NTIC accompagné du Responsable de l’ARPTC. Votre commission a tenu à cette occasion à retracer dans les prévisions des crédits dans le budget général que dans les comptes spéciaux l’existence du RAM. Votre commission a le regret de vous annoncer que le RAM n’est ni dans le budget général, ni dans les comptes spéciaux même là où on ne peut pas le trouver dans les budgets annexes. Nous sommes allés jusque-là, on n’a pas retrouvé RAM. De ce qui précède, votre commission vous propose la suppression pure et simple et sans délai du prélèvement du RAM sur toute l’étendue de la RDC’’, déclare avec amertume Boris Mbuku, président de la commission ECOFIN de l’assemblée nationale.
Des millions intraçables
Au mois d’octobre 2021, l’Observatoire des Dépenses publiques, ODEP en sigle, parlait déjà de 266 millions collectés. Malgré la pression publique, le gouvernement s’obstine à poursuivre avec cette taxe pourtant non voulue par l’ensemble de la population.
‘’Nous appelons l’assemblée nationale a plus de responsabilité. 40% des recettes revenant à l’Etat ne sont pas retracées dans le budget 2021 et 2022. Même l’ARPTC ne fournit pas de statistiques. Quelques individus ne peuvent pas collecter 266 millions de dollars’’, dénonçait cette organisation.
Vivement la suppression sans délai
Le rapport de la commission économico-financière de l’assemblée nationale a réveillé la colère et même la déception de la classe politique et sociale qui avait demandé depuis plusieurs mois la suppression de cette taxe.
Les députés Steve Mbikayi, Juvénal Munubo, Claudel-André Lubaya, Delly Sesanga, … ont été parmi les premiers à dénoncer cette taxe illégale.
Aujourd’hui, ils reviennent à la charge pour exiger à nouveau la suppression de RAM et la poursuite des auteurs de cette arnaque du siècle.
‘’Toute suppression de RAM sans remboursement des sommes indument perçues, sans poursuites judiciaires réelles et sans sanctions négociées avec les auteurs de cette escroquerie serait une prime supplémentaire à l’impunité et tout le contraire de l’état de droit’’, a dit Claudel Lubaya
Abordant dans le même sens, Georges Kapiamba parle des révélations troublantes.
‘’Au regard des révélations troublantes faites par la Commission ECOFIN de l’assemblée nationale sur la taxe RAM, l’ACAJ appelle vivement le gouvernement à la supprimer et rendre compte de l’affectation donnée aux recettes déjà collectées’’, a-t-il dit dans un tweet.
Pour une certaine opinion, le président de la République doit sans tarder sonner la fin de la recréation de cette taxe qui dérange la population congolaise.
Kevin INANA