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L’Afrique et les coups d’État : retour du pouvoir militaire, comme une ombre des années 60 (Tribune) !

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Mardi, 15 février 2022-La récente vague de coups d’État en Afrique est donc une mauvaise nouvelle. Et 2021 a vu un nombre plus élevé de coups d’État en Afrique par rapport aux années précédentes. Les soulèvements populaires contre des dictateurs en place ont fourni l’occasion d’un retour des coups d’État en Afrique.

Quand peut-on parler d’un coup d’État ? L’une des définitions utilisées est celle d’une tentative illégale et manifeste de l’armée ou d’autres responsables civils de renverser les dirigeant en place.

Au cours de dernières années, des coups d’État ont eu lieu au Mali (deux fois), au Tchad, en Guinée, au soudan, en Tunisie et sans doute, en Algérie et au Burundi, alors que la plupart de ces pays étaient en pleine transition démocratique.

Ce type de coup d’État peut être attribué aux coups d’État perpétrés en Egypte et au Zimbabwe quelques années auparavant. Cela signifie que près de 20% des pays africains ont été frappés par des coups d’État depuis 2013. Le continent risque donc de retourner à la mauvaise époque de la mauvaise gouvernance militaire, une période dont on se souvient souvent pour ses « décennies perdues ».

Dans le cadre de la politique de non-ingérence de l’organisation de l’Union africaine, les putschiste n’avaient pas à se soucier des coûts externes. Le passage de l’union Africaine à une politique de non-indifférence lors de sa création en 2000 a fondamentale modifié ce calcul, soumettant une junte à une suspension potentielle, à des sanctions et à la menace d’une intervention.

Ces coûts ont été amplifiés par les sanctions des démocrates occidentales et des organisations internationales.

« En traitant les coups d’État comme des moyens malheureux mais normaux de transférer le pouvoir en Afrique, les acteurs internationaux donnent par inadvertance, aux putschistes un coup de pouce pour franchir la ligne d’arrivée et et consolider leur putsch ».

L’augmentation récente du nombre des coups d’État en Afrique (une tendance que l’on n’observe pas dans d’autres régions) reflète une diminution de la volonté des acteurs régionaux et internationaux de faire respecter les normes Anti-coup d’État en Afrique.

Cette situation est le résultat d’une confluence de facteurs notamment une récession démocratique régionale, une inclinaison des organismes régionaux à négocier des compromis avec les putschistes, une réticence à organiser des interventions militaires et la distraction des acteurs internationaux par la crise internes et la pandémie, entre autres.

Comment les acteurs démocratiques internationaux peuvent-ils atténuer les coups d’État ?

« L’action la plus significative que la communauté internationale puisse prendre pour inverser la tendance des coups d’État en Afrique est d’encourager la démocratie ».

L’occident doit se faire champion de la démocratie en Afrique. Réprimer les coups D’État ne suffit pas, les acteurs africains et internationaux doivent s’attaquer aux lacunes en matière de démocratie et de gouvernance.

Dans un rare élan d’unanimité, différentes composantes de l’architecture internationale de sécurité condamnent sans ambiguité les coups d’État militaire en Afrique.

La prise de pouvoir par les militaires est-elle la solution aux problèmes internes des pays?

Des coups D’État aux coups de trop. La plupart des pays où les militaires ont interrompu les processus politiques n’ont jamais été exemplaires. Les militaires reprochent aux civils d’avoir bordélisé la république mais quand ils arrivent au pouvoir ils font la même chose. Ils s’accrochent au pouvoir et c’est l’Éternel recommencement.

La montée récente des coups d’État en Afrique, opérés au double motif de mettre fin aux dictatures naissantes des pouvoirs civils et l’instauration de la démocratie, ces bouleversements ont marqué près de trois décennies l’histoire politique africaine.

À la tête des États africains qu’ils érigent en précarrés, la majeur partie des chefs d’États se fourvoient très tôt dans le superflu en laissant l’essentiel de côté. Les pouvoirs personnels, sources de bouleversement, s’érigeant en pères de la nation, en chefs ou responsables suprêmes, beaucoup de chefs d’États se prirent très tôt en demi-dieux.

Devenus président-potentats, ils décrètent leur immortalité, celle de leur pouvoir et de leur parti politique. Le temps du pouvoir qu’on crût éternel, pris le raccourci et l’armée ne se fit pas attendre pour venir à la rescousse.

En effet, les coups d’État rythmeront la vie politique africaine de 1963 aux années 1990.

On en dénombre plus de 205 dont une centaine aurait réussi.

Plus d’une cinquantaine ont eu lieu dans la partie francophone. Mais le prétexte du retour à l’ordre garantit-il l’instauration de système démocratique ? Les démocraties africaines se sont rarement bien portées.

Un coup d’État réussi augmente considérablement la probabilité des coups D’État ultérieurs, dans ce pays comme dans des pays voisins.

La commission économique des Etats d’Afrique de L’Ouest (CEDEAO) et L’Union Africaine (UA) sont même allées plus loin, en sanctionnant les putschistes dans le but de les contraindre à quitter le pouvoir.

Ainsi, cette condamnation interpelle sur le consensus qui semble se dessiner sur la notion de changement inconstitutionnel de gouvernement en Afrique.

La qualité des élections est un élément déclencheur récurrent, comme ce fut le cas lors des élections Maliennes tenue en Mars 2020.

A défaut d’un engagement politique en faveur de la prévention de conflits, l’U.A et les organisations régionales se tournent progressivement d’une logique préventive vers une logique strictement réactive.

Ainsi, il devient beaucoup plus aisé de condamner un coup d’État que d’avoir le courage politique d’en traiter les causes profondes.

Les coups d’États en cours en Afrique constituent une opportunité de remettre à plat les instruments africains de prévention de conflits, notamment en ce qui concerne les vecteurs liés à la gouvernance.

La gageure pour l’Union africaine et les organisations régionales consiste donc à combler le fossé avec la société civile et à développer une capacité plus efficace de prévention de crises politiques.

Fait à Kinshasa, le 14 février 2022

Par l’internationaliste Prince Rossy Mbombo, Expert de L’Afrique centrale en matière de la bonne gouvernance démocratique

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