Mardi, 22 février 2022-Au pays de tous les contrastes, au commencement il y avait la Jeep du député. 500 au total, puis la tricycle de « Fatshi béton« . Et enfin, la Jeep de Monseigneur Nshole. La boucle est bouclée, en attendant la prochaine chronique de grosses cylindrées et autres bolides de collection.
Don présidentiel- selon la version originelle et originale du speaker de la Chambre- ou achat par crédit -rétropédalage du même inénarrable Mboso- ? Pour en avoir vu d’autres, les Congolais ne sont pas dupes. Ils ont simplement observé une fois de plus, que leurs dirigeants ont appliqué à l’envers la devise, devenue slogan du MPR. A savoir se servir et non servir. Eux qui, en raison du déficit proverbial de transport en commun, sont condamnés à perpétuer à leur corps défendant la tradition du marathon née de la Grèce antique.
Ces mêmes marathoniens, par nécessité, ont vu récemment leur Président faire le tour de piste avec sa voiture tricycle très haut de gamme. Prélude à une hypothétique ou virtuelle Formule 1 à Kinshasa ?
Ce n’est pas tout. Les routes « cent trous » de la capitale ont reçu, depuis le vendredi 18 février, une énième Jeep toute neuve. Une Prado 4 X 4, cadeau du Président au légendaire Abbé, devenu Monseigneur Nshole, élevé au rang de Chapelain du Pape.
Sacré Fatshi dont la « magnanimité » n’en charrie pas moins un cas de conscience pour le Prélat, connu pour son bagou pro peuple. Comment être vent debout au nom du peuple lorsqu’une pluie de Jeep tombe sur les députés et accepter le même présent, alors que le sort de cette majorité silencieuse n’a pas changé d’un iota? Comment continuer à critiquer les parlementaires et autres Congolais d’en haut qui n’hésitent guère à recevoir de « petites choses d’ici-bas » si, au fond, on est logé à la même enseigne ? Tout se passe comme si comme l’argent, la Jeep n’avait d’odeur.
En tout cas, le geste du chef de l’Etat survient dans un contexte où les deux Eglises traditionnelles-catholique et protestante- ont décrété un moratoire de fait sur leur croisade contre le pouvoir en place. On dirait qu’un vent de concordat flotte sur le pays. Serait-ce en prévision de l’arrivée prochaine du Saint-Père en terre rd congolaise ?
Ce n’est pas le tout nouveau chapelain du Souverain pontife qui briserait cette entente…cordiale. Lui qui, clé de la Jeep en mains, a lâché : « L’Eglise et l’Etat sont appelés à regarder dans la même direction en travaillant pour le bien-être de la population« . Les pêcheurs eau trouble, les rameurs à contre-courant…sont prévenus.
Trêve de procès d’intention contre le toujours porte-parole de la CENCO. Peut-être que le nouveau « Monseigneur » fera comme le Cardinal Malula qui, au milieu des années 80, revendit une grosse cylindrée, cadeau du Maréchal Mobutu, pour un investissement dans le social.
José NAWEJ/FORUM DES AS