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Élections dans le délai : un piège à large spectre…

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Jeudi, 18 mai 2023-Pour quelqu’un de vacciné contre tous les variants de l’épidémie politique rd congolaise, rien de nouveau sur le front du processus électoral. Le bureau de la CEI mué en CENI ? Il a toujours été contesté. Et, par ricochet, le processus électoral lui- même.

Avant hier, hier et aujourd’hui, les oppositions et une partie non négligeable de la société civile ont de tout temps le don d’instruire un procès en illégitimité – uniquement à charge- contre l’équipe dirigeante de la centrale électorale.

Autre constante, la ritournelle reprise par coeur et en choeur sur » la tenue d’élections dans le délai ». Ne s’embarrassant d’aucune caricature et prenant des libertés avec la notion de nuance, les pourfendeurs du pouvoir recourent même au temps chrono en précisant que tout s’arrête le dernier jour du mandat présidentiel à minuit. Pas une minute de plus aux affaires si l’on n’a pas fait organiser les scrutins dans le temps imparti par la loi suprême.

Sur la brèche depuis les années Mobutu, l’UDPS- aujourd’hui aux responsabilités- récite cette leçon depuis…décembre 1991. Échéance calendaire qui coïncidait, à l’époque, avec la fin du septennat du Maréchal- président.

Depuis, il y a eu juin 2005 avec le crépuscule de la transition post- Sun City. Alors vice,- président en charge de l’économie et surtout, chef de la composante politico- militaire MLC, Jean-Pierre Bemba menaçait carrément de tirer sur les » manifestants tshisekedistes qui s’apprêtaient à investir la rue pour siffler la fin du cycle transitoire.

Rebelote en 2016 où le soupçon de glissement donnera lieu à quantité d’actions de rue contre le Pouvoir Kabila.

Le régime Fatshi serait- il déterminé à tordre le cou à ce qui a tout l’air d’un perpétuel recommencement? A en juger par les augures, tout semble mis en oeuvre pour que les élections se tiennent effectivement en décembre 2023. Calendrier électoral en bandoulière, la CENI entend respecter toutes les étapes cruciales du processus devant conduire aux scrutins. (lire communiqué de la centrale électorale en page…).

Reste que tenir les élections dans le délai ne rime pas forcément avec l’organisation des scrutins crédibles. La crédibilité des élections, surtout de l’épreuve reine qu’est la présidentielle, tient d’abord à la qualité des compétiteurs. En particulier, quel ou combien d’opposants de taille seront dans le starting-blocks pour challenger le Président sortant? A ce stade, aucun. Les ténors des oppositions continuant à en appeler à un processus électoral consensuel. A ce jour, seule l »‘opposition gentille » collabore avec la CENI. Or, celle- ci ne faisant pas partie du problème sinon à la marge, ne saurait donc être une partie de la solution.

En somme, pour légal et même légitime qu’il soit, le pari d’élections dans le délai a tout d’un piège à très large spectre. Pire, il est susceptible de se refermer sur tout le monde. Sur les parties prenantes actives et passives.

D’abord sur le Pouvoir qui peut croire prendre de vitesse ses oppositions et une frange de la société civile en ce compris la CENCO et l’ECC. Le risque pour ceux qui s’auto prévalent d’être du bon côté de l’histoire est de se retrouver en proie à une contestation aux conséquences insoupçonnées étant donné le climat délétère dans lequel sombre le pays réel avec autant de points chauds à l’Est comme même l’Ouest de la RDC. La persistance voire l’aggravation de l’abysse social sonnant comme une circonstance aggravante. Sans jouer le prophète de malheurs, le scénario selon lequel le remède ferait plus de mal que le mal qu’il est censé guérir ne serait guère une vue de l’esprit.

Ensuite côté oppositions, la tenue d’élections dans le délai semble plus chantée que voulue réellement. Les opposants congolais ont l’art d’utiliser « la revendication scrutins dans le délai » comme épouvantail et arme de négociation dans la perspective du glissement. Dans ce pays où l’écrasante majorité de la classe politique vit du degré de connexion à l’appareil d’Etat, on prépare rarement les élections en étant loin des ors et dorures des palais de la République et des cabines douillets du Pouvoir central ou de certains exécutifs provinciaux juteux.

Or, des élections en décembre sans passer par la case » partage du pouvoir » prendrait nombre d’opposants de court. Eux qui sont sevrés de » munitions« .

Enfin, mutatis mutandis, la société civile non soluble dans la fatshisphere serait aussi contrariée par le cas de figure d’élections dans l’échéance constitutionnelle. Cela la mettrait en porte à faux par rapport à sa vocation qui est différente de celle des hommes politiques. Dès lors qu’il y aura un président réélu – peu importe la manière – ce sera difficile de faire comme s’il ne s’était rien passé.

En un mot comme en mille, organiser les élections dans le délai est un piège à très large spectre. Reste à savoir pour qui sonnera le glas.

José NAWEJ/FORUM DES AS

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