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RDC : des inquiétudes sur la tenue des élections en 2023 !

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Vendredi, 4 février 2022-Peu rassurant, le patron de la Commission électorale (CENI), Denis Kadima, a présenté le calendrier des prochaines élections, assortit d’une très longue liste de contraintes qui pourraient retarder la tenue de la présidentielle et des législatives en décembre 2023.

La Commission électorale a publié sa feuille de route pour l’organisation des prochains scrutins en République démocratique du Congo (RDC). Dans les 14 provinces où les gouverneurs ont été récemment destitués, les élections ont été fixées pour le 6 avril prochain. L’Ituri, sous état de siège, pour raisons d’insécurité, ne sera pas concernée par ce scrutin. Prévues initialement en février, les élections des gouverneurs ouvriront donc le bal d’un long cycle électoral qui devrait culminer en décembre 2023 avec l’élection présidentielle, couplée aux législatives, provinciales et communales. Mais les écueils sont légion.

« Une influence négative sur les délais »

Concernant les élections générales, le président de la CENI, Denis Kadima, a affirmé vouloir voir les élections se tenir dans les délais, c’est-à-dire en décembre 2023. Le chronogramme présenté par le patron de la centrale électorale a été élaboré dans ce sens. Entre juillet et septembre 2023, « il sera procédé à l’opération de réception et de traitement des candidatures ». Et entre septembre et décembre 2023, la CENI prévoit « des scrutins directs ». Jusqu’ici, tout va bien. Mais Denis Kadima a ensuite énuméré une longue liste de contraintes, qui, si elles ne sont pas levées, « pourraient avoir une influence négative sur les délais des opérations ». En d’autres termes, les élections risquent une nouvelle fois, comme en 2016, d’être reportées. Un « glissement » qui avait conduit à deux ans de chaos et de violence.

Financement, loi électorale, recensement…

Loin de rassurer, le patron de la CENI, a dressé les nombreuses embûches qui encombrent la route des élections congolaises. Le président de la CENI prévient : le manque de financement et le non-décaissement des fonds « pourraient influer sur les délais ».

« Si la réforme électorale ne se fait pas à la session de mars 2022, cela aura une incidence sur le calendrier ». Le retour de l’organisation des élections à deux tours et la non-adoption de loi sur la répartition des sièges dans les temps pourraient également « décaler le scrutin ». Et Denis Kadima n’en a pas fini.

Le recensement de la population et l’identification des électeurs « est de nature à retarder le processus électoral ». Pour y remédier et respecter le calendrier, le patron de la CENI plaide pour un changement « de méthodologies ».

Insécurité, Covid, faible capacité logistique…

L’insécurité qui sévit, notamment à l’Est du pays est également en mesure de perturber la bonne tenue des élections, notamment lors du déploiement des agents électoraux, « du matériel et de la collecte des données ».

Le contexte sanitaire inquiète aussi Denis Kadima. « La pandémie de Covid-19 affecte la nature du matériel à commander, les délais de livraison et le déploiement. La résurgence d’épidémies telles que le Choléra ou Ebola peuvent modifier les procédures opérationnelles » prévient le président de la centrale électorale.

Enfin, « la faible capacité de la CENI en moyens logistiques, la rend dépendante de la disponibilité des différents partenaires » conclut Denis Kadima.

Préparer les esprits

Si le patron de la Commission électorale voulait se couvrir en cas de report de l’élection présidentielle de 2023, il ne s’y prendrait pas autrement.

Le tableau noir des obstacles qui jalonnent le calendrier électoral laisse à penser que le pouvoir en place prépare les esprits à un possible glissement de la présidentielle et des législatives.

Le président Félix Tshisekedi, qui souhaite se représenter à la magistrature suprême pourrait bien avoir une fin de mandat agitée.

L’insécurité perdure à l’Est malgré l’état de siège, la corruption continue et le quotidien des Congolais ne s’améliore pas. Le chef de l’Etat aura sans doute des difficultés à présenter un bilan élogieux pour prétendre à un second mandat.

Drames en cascade…

Trois événements récents sont venus rappeler aux Congolais que le pays est encore dans une triste situation. En moins de 48 heures, 54 personnes ont été tuées dans un camp de réfugiés en Ituri, 38 soldats congolais sont morts au Nord-Kivu et la chute d’un câble de haute-tension a fait 26 victimes sur un marché de Kinshasa.

Une actualité qui rappelle l’impuissance de l’armée congolaise et l’incurie de l’Etat face à ses obligations les plus élémentaires.

Sur les réseaux sociaux, le drame du marché de Matadi-Kibasa a particulièrement choqué les Congolais. Beaucoup dénonçaient les 500 SUV de luxe Palissade gracieusement offerts aux députés, alors qu’il n’y avait aucune ambulance pour venir secourir les victimes de l’électrocution de Kinshasa. Un constat bien cruel.

Christophe Rigaud – Afrikarabia

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