Lundi, 2 mai 2022-Marie Branser, judokate congolaise, d’origine allemande, se dit lâchée par la fédération de judo de la RDC. Depuis les Jeux de Tokyo à l’été 2021, la double championne d’Afrique n’a pu s’aligner sur aucune compétition, faute de soutien.
Nichts, zéro. Depuis les Jeux olympiques de Tokyo il y a huit mois, la judokate congolaise Marie Branser n’a eu aucune compétition à son programme. Marie Branser, 29 ans, s’est dans un premier temps tournée vers la Fédération congolaise de judo (Fenacoju), paralysée par un conflit interne, et ensuite vers le comité olympique congolais. Elle a même rencontré le ministre des Sports Serge Chembo Khonde et l’Union africaine de judo. Mais rien n’y fait, sa situation est complètement bloquée, personne ne s’occupe de sa carrière. Elle n’est inscrite sur aucune compétition.
La native de Leipzig (Allemagne) se demande maintenant comment participer aux prochains Championnats d’Afrique de judo du 26 au 29 mai à Oran, en Algérie. « Depuis des mois, j’essaie de trouver une solution », dit-elle au micro de RFI. Un véritable cri du cœur. Pourtant, Marie Branser est la première judokate congolaise à avoir ramener deux titres de championnes d’Afrique en moins de 78 kg à la RDC.
Le rendez-vous avec le ministre des Sports toujours infructueux
Surtout, sa participation aux JO de Paris en 2024 pourrait être compromise si elle ne retrouve pas le plus vite possible le chemin des tatamis. « Je m’entraîne deux fois par jour pour les Championnats d’Afrique. Je veux aussi une faire une médaille à Paris. Mais je dois avoir quelqu’un pour être inscrite dans les compétitions et effectuer la logistique et le paiement », explique-t-elle. Et demande « une solution rapide ».
Si le ministre des Sports lui a assuré qu’elle aurait du soutien, Marie Branser a peur de voir le temps se dérober sous ses pieds. « Fin mars, j’étais en RDC. Mais rien n’a bougé depuis. Je ne veux plus attendre et si je dois changer de nationalité, je le ferai », avance celle qui a dû payer une partie de ses frais à Tokyo, tout comme son coach. « Je ne fais pas cela pour l’argent, mais je ne peux pas continuer sans argent. Si la RDC ne souhaite pas continuer avec moi, je peux l’entendre. Mais il me faut des réponses. Je veux me battre pour la RDC, mais si ça ne bouge pas, il faudra que je trouve une autre solution. Je suis triste à l’idée de changer de pays, mais je ne peux pas continuer sans argent. Il y a urgence. Que la RDC me dise si elle ne peut pas me soutenir », presse-t-elle.
Marquer des points au classement international
À Tokyo, Marie Branser avait été éliminée par la Russe Alexandra Babintseva en 16e de finale. « Je vais faire une pause maintenant et réfléchir à toutes les choses qui se sont passées, tous les problèmes auxquels j’ai dû faire face, à tout l’argent que j’ai dépensé dans le judo. Parce que c’est moi qui ai mis l’argent pour tous les combats auxquels j’ai participé. J’ai pleuré sans arrêt parce que je voulais juste pouvoir travailler sérieusement. Mais quand il y a des gens qui ne sont pas sérieux, ça ne se passe pas comme ça. Si les gens qui dirigent veulent des résultats, il faut qu’on travaille ensemble. Ma famille et mes amis m’ont beaucoup soutenue. Je remercie aussi mes sponsors à Kinshasa. Mais il faut aussi du travail de la part de notre Fédération de judo et du Comité olympique. Parce qu’autrement, je ne pourrai plus continuer. Je n’ai plus d’argent et plus assez d’énergie pour gérer tout ça », avançait-elle à l’époque au micro de RFI.
Pour pouvoir prétendre à une qualification pour Paris 2024, Marie Branser doit commencer à marquer des points au classement international. Elle doit se remettre à participer aux compétitions internationales le plus vite possible. Avec l’Allemagne, Marie Branser a remporté neuf médailles en Coupe d’Europe et le bronze à l’European Open de Glasgow. Elle a également remporté quatre médailles aux championnats allemands et a été plusieurs fois championne universitaire. La judokate n’avait pas digéré sa non-sélection de Grand Slam de Düsseldorf 2019, un tournoi international. C’est à ce moment-là qu’elle avait fait les démarches nécessaires pour être naturalisée congolaise.
Propos de Marie Branser recueillis par Eric Mamruth/RFI