
Mardi, 6 décembre 2022-Selon le ministre Julien Paluku, les terroristes procèdent sur le sol congolais par une stratégie d’élimination sélective d’une communauté.
Le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, fait savoir que sa collègue de la Justice serait ce mardi à La Haye pour réclamer une enquête auprès de la Cour pénale internationale.
Le bilan du massacre commis par les terroristes du M23 appuyés par le Rwanda, le 29 novembre dernier dans le village de Kishishe s’est alourdi, passant d’une centaine de morts à 272 civils tués. L’information a été livrée par le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya et son collègue de l’Industrie, Julien Paluku Kahongya, au cours d’un briefing presse qu’ils ont co-animé hier lundi 5 décembre dans la soirée.
Le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, précise que ce chiffre, beaucoup plus élevé que celui donné lors de l’avant-dernier briefing, a été consolidé avec les communautés qui ont fait le recensement des victimes. Au nombre de celles-ci, Muyaya fait état d’au moins 17 enfants. «Un crime de guerre», a soutenu Julien Paluku.
Les terroristes du M23 ont toutefois rejeté ces accusations et reconnu la mort de huit civils dans ce village, tués, selon eux, par des «balles perdues» lors de combats avec des miliciens. Les ministres Paluku et Muyaya expliquent que ces nouveaux chiffres proviennent de la société civile et d’une «organisation qui regroupe toutes les communautés» de la région.
« Chaque communauté a pu recenser, à travers les antennes qui sont à Kishishe et environs, les personnes qui sont mortes », a expliqué Julien Paluku, qui a dirigé la province du Nord-Kivu comme gouverneur durant 12 ans, de 2007 à 2019. «Une communauté à elle seule a plus de 105 personnes tuées», a précisé M. Paluku. Ce qui fait dire à l’ancien gouverneur du Nord-Kivu que ces terroristes, sur le territoire congolais, procèdent par une stratégie d’élimination sélective de toute une communauté.
Autour de 300 morts
«On a autour de 300 morts», a-t-il dit, en réponse à une question, «des gens qui sont connus, régulièrement habitants de Kishishe, qui n’ont rien à voir avec les FDLR, rien à voir avec des miliciens communautaires Maï-Maï» , a-t-il affirmé. Dans son propos introductif, le ministre de l’Industrie avait parlé de quelque «272 civils tués».
Guerre de prédation
Le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya a reconnu qu’il y a «des difficultés à recouper tous les chiffres» puisque qu’actuellement la zone est contrôlée par le M23. «Ce n’étaient pas des membres de groupes armés», a tenu à ajouter le ministre de l’Industrie comme une réponse aux rebelles qui, dans un communiqué, ont rejeté ces accusations.
Julien Paluku a fait état d’une guerre liée avant tout à des motifs économiques, notamment pour faire main basse sur les mines de cette partie de la RDC. «Kigali veut avoir le contrôle politique, militaire et économique», a-t-il souligné. Le ministre de l’Industrie plaide pour une enquête internationale afin que des responsabilités soient établies et que les bourreaux répondent de leurs actes. «Par cette enquête internationale, nous voulons amener la CPI à arrêter ceux qui commettent des crimes en RDC», a-t-il confié.: «Nous dénombrons plusieurs massacres dans cette partie de notre pays. À ce jour, ils sont à 10 millions de morts. Dix fois plus que celui du génocide rwandais. Nous citons les massacres de Makobola, Bunagana, Kasika, Tingi Tingi, Tamugena, Rugari et aujourd’hui, Kishishe».
Rose mutombo ce mardi à la cpi
A l’occasion, le porte-parole du gouvernement a indiqué que la ministre d’Etat, ministre de la Justice, Rose Mutombo, serait ce mardi 6 décembre à La Haye pour réclamer une enquête auprès de la Cour pénale internationale. «Je crois savoir qu’au niveau de la Monusco également les services sont mis en contribution», a-t-il souligné.
Face à l’indignation à géométrie variable de la communauté internationale, Patrick Muyaya a rappelé la nécessité pour les partenaires internationaux de la RDC de dénoncer les massacres au pays. «Il est important de dénoncer cette agression, mais aussi de tirer des conséquences (…) Vous ne pouvez pas être partenaire de la RDC et être insensible face à tous les massacres», a dit Patrick Muyaya.
Article tiré de FORUM DES AS
