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RDC-Gratuité : mieux vaut le rétropédalage que foncer dans le mur (Tribune)

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Vendredi, 22 octobre 2021-Hier jeudi 21 octobre, des élèves du secondaire se sont rendus en masse au Palais du peuple pour réclamer l’école. En effet, les enseignants de l’EPST, à l’exception de ceux des écoles privées, sont en grève depuis la rentrée scolaire de cette année. En l’absence du Président de l’assemblé nationale Christophe Mboso, c’est le vice-président Jean-Marc Kabund qui a accueilli les jeunes manifestants dans la grande salle du Palais du peuple. Selon lui, ce n’est pas aux enfants de manifester mais aux enseignants, une façon de dire que les enfants sont manipulés. Néanmoins, il a dit prendre en compte la demande des enfants.

Pour remonter à l’origine, la mésentente entre les enseignants et le gouvernement remonte à l’accord de Bibwa, signé entre les deux parties le 19 décembre 2020, un an après l’élection de Félix Tshisekedi à la tête du pays.

On se souvient, l’une des mesures phares du nouveau président était la proclamation de la gratuité de l’enseignement, autrement dit, la fin de la politique de la prise en charge des enseignants par les parents, politique très répandue dans les écoles conventionnées catholiques.

Il est à noter que cette politique résultait d’un accord entre les parents et les responsables des écoles conventionnées catholiques suite à la défaillance de la prise en charge des enseignants par l’état, leur véritable employeur.

L’argument était qu’il existe une relation directe entre la qualité de l’enseignement et les conditions sociales et de travail de l’enseignant.

L’église catholique s’opposa à cette décision brutale mais se vit rétorquée par le régime, à tort ou à raison, que c’est parce qu’elle retirait personnellement des intérêts financiers.

C’est sur fond de cette guerre état-église que les enseignants, après une longue période de remous syndicaux, conclurent avec le gouvernement l’accord de Bibwa dont la pierre angulaire était « … les mesures urgentes prises par le Gouvernement consistant à améliorer les conditions sociales et salariales des enseignants dès le mois de septembre 2019 dans le cadre de la mise en œuvre de la gratuite ».

A ce jour, soit deux ans après, le gouvernement est très loin d’avoir rempli ses engagements.

En langage simple, le gouvernement n’a pas les moyens de la gratuité et rien ne semble indiquer qu’elle les aura bientôt.

Que faire ? Les choses se compliquent parce que le pouvoir en a fait avant tout une question politique, plutôt qu’un problème de gestion de la cité. Bon nombre de parents étaient et sont disposés à mettre la main à la poche pour assurer une bonne formation à leur progéniture.

Le ministre de l’EPST lui-même, grand défenseur de la gratuité, aurait retiré ses deux enfants des écoles « gratuites » pour les écoles privées.

On est donc dans une impasse. La solution est de dépolitiser le problème, ce qui veut dire accepter de revoir la définition même de « la gratuité » que personne du reste n’avait demandée.

Pour le président de la république et son gouvernement, ce sera un rétropédalage, dont ne manqueront pas de se gausser ses adversaires, mais cela n’est-il pas un moindre mal qu’un entêtement dans une voie sans issue ?

Le camp du président s’est beaucoup distingué par des décisions controversées (congolité, état de siège, présidence CENI, gratuité), qui n’ont eu pour résultat que de créer et renforcer un front « Tous Contre Tshisekedi ». A deux ans des élections, il est peut-être encore temps pour lui de changer le fusil d’épaule. J’emprunte à Luambo Franco la conclusion : « Entourage esalaka mabe, DG ».

Kimikambo GONTCHO, _Conscience nationale en action_, _whatsApp : +243 81 27 22 490

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