
4 février 2021-Les sénateurs membres du Front Commun pour le Congo (FCC) ont, dans une déclaration politique faite ce jeudi 4 février 2021, rappelé les péripéties qui ont conduit notamment à la déchéance du Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba et de son gouvernement. Ils ont également dénoncé l’installation « illégale » du bureau d’âge à la tête du Sénat.
Reconnaissant que cette chambre est la troisième institution de la République démocratique du Congo, ils ont commencé par déplorer les tentatives d’empêchement du scrutin qui a eu lieu à la veille des élections des sénateurs, au mois de mars 2019, lesquelles avaient pour but de bloquer l’installation des membres du bureau de cette chambre.
« Avec la survenue de la pandémie de la Covid-19, ayant nécessité la proclamation de l’état d’urgence sanitaire, les actes de provocation et de prorogation de l’État d’urgence sanitaire furent pris en criante violation des dispositions constitutionnelles et des règlements intérieurs dans deux chambres du congrès », ont-ils noté dans leur déclaration.
Ainsi, ils ont également accusé plusieurs autres formes de violation de la constitution, notamment, les nominations des juges de la Cour constitutionnelle, qui selon eux, étaient faites en violation flagrante des dispositions de la Constitution et des lois organiques qui régissent cette même cour, ainsi que les règlements intérieurs des autres juridictions y afférentes.
Dans la foulée, ils ont aussi noté l’accès qui leur a été interdit au siège du Parlement. « Sur réquisition du ministère de l’Intérieur ».
« En décembre 2020 et janvier 2021, les actes de déstabilisation de l’Assemblée nationale et du Sénat se sont poursuivis, conduisant à la destitution irrégulière de l’Assemblée nationale, à la modification arbitraire de la majorité parlementaire issue des dernières élections, sous forme d’intimidation des députés et l’instrumentatilisation de la justice et d’autres pratiques tout aussi inavouables, sans oublier la déchéance irrégulière du gouvernement de la République ».
« Un Sénat instrumentalisé »
Revenant sur leur propre chambre, ils ont dénoncé ce qu’ils jugent des actions qui visent à faire tomber le bureau du Sénat, palpables sur les menaces de mort, de tentatives d’arrestations de certains d’entre eux. Allusion faite au Questeur Eric Rubuye.
Tour à tour, les sénateurs membres du FCC ont rappelé aussi la pétition qui a été initiée pour les six membres de leur bureau et du sénat, «couplé avec les missions de contrôle de la gestion financière et de réquisition d’information émanant du parquet, sans respect aucun, des procédures constitutionnelles légales et réglementaires en la matière, lesquelles ne reconnaissent cette compétence aux organes internes de contrôle et de la Cour de compte ».
Les sénateurs FCC dénoncent les actes d’injustice
Pour marteler sur ce qu’ils qualifient d’injustice, ils ont pris comme exemple, la récente convocation de la plénière annoncée par le secrétaire général du Sénat, prenant le prétexte de l’examen des pétitions initiées contre les six membres du bureau, en déchargeant le septième membre de ce même bureau, alors que la session extraordinaire convoquée par le Chef de l’État était déjà clôturée. Chose qu’ils ont accusé sans relâche, tout en signifiant que cette situation ne peut faire l’objet d’examen au cours d’une session extraordinaire, conformément aux dispositions de la Constitution et du règlement intérieur du Sénat.
« Des sénateurs manipulés »
A en croire cette déclaration, hier soir, mercredi 3 février, « les sénateurs ont été internés à Fleuve Congo Hôtel, puis conduits au Palais du peuple ce jeudi 4 février 2021, pour parachever la mise à mort de l’ordre constitutionnel, mis en place depuis l’accord de Sun city ».
Et d’ajouter : « pour la séance de ce jour, le scénario concocté comprend l’ouverture de la séance par le secrétaire général du Sénat, comme si l’on avait été au début d’une nouvelle législature, l’installation du doyen d’âge pour présider la séance et le lancement de l’examen des pétitions en charge des six membres du bureau non adhérents de l’Union sacrée de la Nation », avant de signifier qu’ils « s’en suivra une violation flagrante des textes légaux et réglementaires ».
Regroupant tous les éléments cités ci-haut, ces sénateurs ont qualifié ces actes comme « un coup de grâce asséné aux institutions de la République ».
Indignés par lesdits actes, les sénateurs membres du FCC dénoncent la convocation irrégulière de la plénière par le secrétaire général du Sénat, la dictature qui s’installe dans le pays, les tensions intercommunautaires et les conditions qui débouchent à l’instabilité politique de la nation toute entière.
Ainsi, prenant la communauté internationale et les organisations africaines à témoin, ces derniers ont demandé au chef de l’État, Félix Tshisekedi, d’arrêter cette dérive dictatoriale susceptible de plonger le pays dans l’instabilité institutionnelle et sociale.
Guillaume MAVUDILA
