Lundi, 27 décembre 2021-Les dernières nominations des comités de gestion dans les universités et instituts supérieurs font polémiques dans l’opinion. Le fond et la forme posent problème. Clientélisme, règlement des comptes, tribalisme, népotisme… Sont des mots qui, pour certains observateurs, justifie cette mise en place en violation des textes et lois de la République.
Les voix se lèvent de partout demandant au premier ministre de réagir rapidement pour recadrer son ministre qui se comporte comme un électron libre depuis son avènement à la tête de ce ministère stratégique.
Auteur d’une question orale avec débat au sujet des ces différentes nominations des comités de gestion, le député National Jean-Pierre Kayembe Ilunga dénonce l’amateurisme à la tête de ce ministère d’intellectuels.
Sans aller par le dos de la cuillère, il accuse Muhindo de préparer le terrain pour son Mentor, Moïse Katumbi qui est potentiel candidat à la présidentielle de 2023.
Cet élu de Kananga demande au premier ministre de recadrer son warrior qui discrédite l’image du chef de l’État avec ses nominations massives.
« J’ai initié une question orale avec débat pour essayer de calmer les vitesses de ce ministre qui ne maîtrise rien de son secteur. Il nomme en désordre depuis son arrivée. Des étudiants se voient bombardés des postes de Secrétaires généraux académiques et même administratifs pendant que les éminents professeurs sont renvoyés au garage », a-t-il dénoncé.
Le tribalisme et clientélisme
Au Nord-Kivu, le ministre a créé un climat malsain en privilégiant les ressortissants de Butembo dans la majorité des établissements.
« Dans ses nominations, les ressortissants du Nord-Kivu plus précisément de Butembo sont mieux servis. Même à Kinshasa, vous allez les voir partout. Le chef de l’État ne supporte pas le tribalisme. Monsieur Muhindo ne doit pas se considérer comme un électron libre. Les nominations des mandataires publics doivent être négocier en conseil des ministres », a-t-il condamné.
Jean-Pierre Kayembe Ilunga qui fut pendant plusieurs années conseiller juridique dans ce ministère rappelle que le mandat du comité de gestion est de 5 ans.
« On ne peut pas changer des comités de gestion massivement sans tenir compte de la durée de leur mandat. Sans maîtriser les choses, le ministre nomme des comités de gestion dans 50 établissemenrs en une fois. Non non et non, le premier ministre doit réagir sinon il sera accusé de complicité », a-t-il lancé un appel.
Fatshi piégé par le camp Katumbi
Dans ses nominations notamment à Kinshasa, le ministre de l’enseignement supérieur et universitaire a également nommé plusieurs ressortissants du grand Kasaï.
Il s’agit là d’un piège, dit le député Kayembe qui souligne que Muhindo ne travaille pas pour les intérêts du chef de l’état, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
« En plaçant quelques Kasaïens à la tête de quelques établissements, Muhindo veut faire croire à l’opinion que le chef de l’état est derrière ses forfaitures. Nous sommes tous conscients de la lutte du président Félix Tshisekedi contre le tribalisme. Nous ramener dans ce pratique est une façon de piéger le président de la République », a-t-il dénoncé.
Violations des textes légaux
Le ministre de l’enseignement supérieur et universitaire viole les lois de la République en ignorant complètement la géopolitique. C’est ce que pense le député National Jean-Pierre Kayembe qui dénonce également la légèreté dans les différentes décisions du ministre.
« Cette soif de changer tous les comités de gestion nous inquiète. Nous avons compris que l’objectif était de placer les proches de Katumbi dans différents établissements. Le ministre nomme ses amis du même terroir et même les proches de son Mentor. Où sommes nous finalement. Là où le bas blesse est que le premier ministre laisse faire… », A-t-il argué.
Un autre exemple c’est la fermeture des universités et instituts supérieurs par des notes circulaires.
« Le ministre agit par arrêté. Les établissements de l’enseignement supérieur et universitaire possèdent des arrêtés d’agrément. On ne peut pas se réveiller un matin pour fermer plus de 400 établissements par des notes circulaires…Il faut apprendre à gérer, parfois même demander conseil pour ne pas tomber dans les caniveaux… », A-t-il dit.
La paix sociale menacée
« Alors que toute la population se prépare à passer des bons moments des fêtes après tout ce que nous avons connu cette année, un Ministre vient faire de nominations la veille même de la Noël, c’est quoi l’intention ? Ce ministre menace la paix sociale dans presque toutes les provinces », dit le député National Jean-Pierre Kayembe qui insiste sur l’urgence de débattre sur cette question à l’assemblée nationale.
« Ma question orale reste d’actualité, le ministre doit s’expliquer sur ses motivations. On ne nomme pas sans l’aval du président de la République, c’est un abus de pouvoir. Le ministre désigne les membres du comité de gestion à titre provisoire. C’est le président de la République qui doit en principe nommé les mandataires publics dont les membres des comités », dit-il.
Vivement l’annulation pure et simple des arrêtés
Les voix se lèvent pour demander l’annulation sans condition de ces arrêtés signés en catimini. Selon des sources proches de la Primature, le ministre Muhindo Nzangi n’a pas consulté sa hiérarchie.
« Il a signé ces arrêtés sans consulter le premier ministre. Il l’a fait en catimini et tenait à ce que les remises et reprises se fassent ce lundi. C’est une rébellion, s’il n’avait rien à se reprocher il n’allait pas s’envoler pour l’Europe. C’est une véritable rébellion… », Dit un proche collaborateur du premier Ministre.
Un ancien ministre de l’ESU réagit…
Steve Mbikayi Mabuluki, ancien ministre de l’enseignement supérieur et universitaire dénonce un règlement des comptes dans la façon de faire de Muhindo.
Dans un tweet, celui qui a fait ses preuves dans ce méga ministère parle d’un désordre indescriptible à travers le pays.
« ESU : Le Ministre a créé un désordre indescriptible à travers le pays ! Sans qualité, il a nommé recteurs et DG et certains militants ne remplissant pas des critères ! Réglant des comptes aux comités dont les mandats courent encore ! Les syndicats des profs sont en droit de s’y opposer », a-t-il dit.
Rappelons que Muhindo Nzangi a fait des mises en place dans plusieurs établissements de la République démocratique du Congo particulièrement ceux de Kinshasa à la veille de la nativité du Christ.
Kevin INANA