Jeudi, 27 juillet 2023-Même le moins doué d’étudiants en médecine le sait. A savoir que lorsque l’on se trompe de diagnostic, la thérapie proposée n’est plus idoine. La maladie va continuer à toiser le traitement et même à se moquer du remède que l’on pensait être de cheval.
Il en est ainsi de cette territoriale de non originaires envisagée comme réponse à la faillite quasi générale de la gouvernance des provinces.
Avec un brin de nostalgie, façon « c’était mieux avant » et la traditionnelle recette « il n’y a qu’à« , les tenants de cette solution soutiennent que des gouverneurs venus d’ailleurs s’en sortiraient nécessairement mieux que les « originaires« .
Argument tentant au regard du bilan globalement négatif – c’est un euphémisme – de la quasi-totalité des gouverneurs « fils ou filles maisons » qui tiennent les rênes de nos provinces en gros ces trois dernières décennies.
De même que l’apparence est souvent trompeuse, de même le diagnostic à priori est rarement fiable. Car, il apparaît dans la plupart des cas au mieux comme cet arbre qui cache la forêt et, au pire, comme un cache-misère. Le vrai diagnostic est celui qui résulte à postériori de tous les examens du malade.
En l’occurrence, lorsqu’on examine les grabataires chroniques que sont nombre de provinces rd congolaises, on s’aperçoit d’abord qu’elles jouissent d’une autonomie proclamée en terme de certaines compétences qu’annihilent le cordon ombilical qui les lie aux faiseurs de rois tapis ou pas dans l’ombre du pouvoir central et d’autre part les relations incestueuses entre les exécutifs provinciaux et les assemblées provinciales.
Résultat, le gouverneur…élu subit constamment le chantage de son ou ses parapluies basés à Kinshasa et des députés provinciaux. Lorsque ceux-ci ne sont pas carrément devenus ses obligés encenseurs au lieu d’être ses censeurs.
Il s’en suit que le Gouverneur tourne le dos à ses mandants devient à la fois l’otage et le bailleur de fonds de ses protecteurs hautement placés dans les allées du pouvoir suprême et le protégé de l’Assemblée provinciale. Elle même dévoyée de sa vocation d’être le réceptacle des desiderata des électeurs de souche.
Normal donc que le souverain primaire dans nos provinces soit l’unique victime collatérale de cette double collusion et collision. A Kinshasa comme en provinces, les populations se plaignent de ne pas sentir suffisamment ni l’exécutif, ni l’assemblée provinciale.
Ce n’est donc pas parce que le gouv serait originaire. C’est parce que le ver est dans le fruit.
Bien plus que simpliste et réducteur, penser résoudre cette impasse en optant pour la territoriale des non originaires équivaudrait à casser le thermomètre pour faire tomber la fièvre.
Un autre vrai faux problème est ce procès en « trahison » intenté contre le Président Brazza-congolais. En vertu du sacro-saint principe de l’égalité souveraine des États, Kinshasa n’a pas à approuver ni à désapprouver la démarche diplomatique d’un pays tiers, fût-il culturellement et géographiquement frère jumeau et même siamois n’eût été le fleuve- boulevard qui sépare le peuple congolais. Pour la même raison, l’inverse est aussi vrai.
Pour autant, autant le répéter dans toutes les langues et même tous les dialectes de la RDC. Le Rwanda agresse le Congo-Kinshasa depuis un quart de siècle. Au nom de la non moins sacro-sainte intangibilité des frontières héritées de la colonisation, la RDC est en droit et dans son droit de se défendre par tous les moyens.
Cela n’oblige cependant aucun autre pays.
En d’autres termes, les relations entre Etats tenant compte des intérêts bien compris entre pays, l’ennemi de mon ami n’est pas forcément mon ennemi. Si le Congo-Brazza et le Rwanda conviennent sur base de leurs intérêts réciproques d’intensifier leurs rapports, il peut y avoir, certes, matière à s’interroger et à convoquer notre intelligence stratégique. Mais de là à s’en formaliser avec croisade verbale contre le chef d’un État souverain et à intenter quelque procès que ce soit contre le Président Sassou, il y a mille pas que la géopolitique des États interdit de franchir. Au passage, on peut en penser ce qu’on veut, le Congo-Brazza administre une leçon par l’absurde à ceux qui sont arc-boutés à cette conception sentimentale, Bisounours et, pour tout dire, angélique des rapports entre Etats. Oubliant que l’anaphore imparable de Friedrich Nietzsche sur l’Etat: le plus froid de monstres froids. Eteya biso.
José NAWEJ/FORUM DES AS