Lundi, 12 juin 2023-Coups de gueule, punchlines, sens de la répartie étonnant et détonnant, Joseph Olenghangoy est coutumier du fait. C’est même sa marque de fabrique.
Mais, depuis qu’il a enfilé le costume du Président du CNSA – une institution sui generis dont chacun peut penser ce qu’il veut-, celui qui fut l’enfant terrible de l’opposition sur une bonne partie de la très longue transition post-Mobutu et même sous les Kabila a appris à se taire. Et ce, dans toutes les langues et dialectes de la RDC. Posture qui dope le poids de sa parole en vertu de la citation de Platon selon laquelle » ce qui est rare a du prix « .
De fait, les mots que Joseph Olenghankoy a articulés au terme de son passage au siège de la Fondation Mzee Kabila vandalisé dernièrement mériteraient que tout patriote y prête oreille. Et y trouve surtout matière à méditation.
Lorsque du haut de sa riche jurisprudence politique, » Jeef » affirme qu’en vandalisant la fondation Mzee Kabila , c’est un pan du sacré du pays que les assaillants ont profané, il interpelle toute la classe politique et au-delà toute la collectivité nationale. L’essence qui donne finalement du sens à un pays ce sont ses sacrés et ses constantes. Sans ceux-ci et ceux-là, le pays cesse d’en être un. Il perd ses repères et se retrouve sans père. Et il se meurt sans mère.
En allant de tabula rasa en tabula rasa au nom depuis le dévoiement du pourtant nécessaire recours et non du retour stricto sensu à l’authenticité, les Zaïrois- sous l’impulsion du Citoyen Mobutu Sese Seko – ont jeté le bébé du passé colonial avec l’eau du bain. Et ce faisant, se sont auto-sevrés de certains pans de leur patrimoine mémoriel.
Si dans le contexte de 1997, l’écrasante majorité des Congolais -jusque dans les rangs de l’Armée- souhaitaient en finir avec le règne de Mobutu, les » libérateurs d’alors » n’ont pas fait grand-chose pour préserver au moins les acquis de ce régime – surtout ceux de la Conférence nationale souveraine (CNS). Y compris en terme des ressources humaines. Le pays devait commencer avec l’avènement de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). Cette propension à solder aux fins de dévaluer totalement et non d’évaluer- sur base du devoir d’inventaire – le passé est comme ce vieux démon qui hante invariablement les tenants de chaque camp ou clan qui s’installe au pouvoir.
Tout se passe comme si le pays sortait ex nihilo ! Même le patriotisme varie de degré selon la couleur de celui ou ceux qui sont au pouvoir ! Les Congolais s’identifiant davantage aux hommes qu’à la Nation, aimant plus le parti que la patrie ! Bouclant son interpellation, Joseph Olenghankoy a lâché : On ne peut s’attaquer à des symboles renvoyant à des personnalités qui ont passé tout leur temps à défendre l’intérêt du Congo (Kasa-Vubu, Mobutu, Kabila, Tshisekedi…). Le faire s’apparente à un crime de lèse-sacré.
On ne pouvait pas toujours souscrire à la faconde de l’ancien spécialiste des » villes mortes » et autres » marches » de l’âge d’or de l’Union sacrée de l’opposition radicale, mais on peut difficilement être en désaccord avec sa leçon de civisme et de patriotisme.
José NAWEJ/FORUM DES AS