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RDC : Dépolitisation ou de-religionnalisation  de la Céni ? (Tribune)

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Vendredi, 6 août 2021-Il ne faudrait pas amener une bonne partie du peuple congolais, surtout celle devenue majeure après 1965, de croire que les élections au Congo n’ont été organisées que par une institution dite citoyenne depuis l’accession du pays à l’Indépendance.

A l’exception des échéances tenues sous le Mpr et Mpr Parti-Etat entre 1967 et 1984, il y a eu celles de 1965 issues de la
conférence de Luluabourg.

Réellement démocratiques, ces élections avaient été organisées par le ministère de l’intérieur, exactement comme cela se fait en Occident.

Première leçon à tirer alors à ce stade : de 1960 à 2004, le Congo n’a connu ni CEI (Commission électorale indépendante), ni Céni (Commission électorale nationale indépendante).

C’est dans la foulée des conférences nationales souveraines en Afrique qu’un
esprit – on ne sait plus très s’il était avisé ou mal avisé – avait eu l’initiative de confier la charge du processus électoral à la société civile, au motif d’être apolitique.

Et comme la tropicalisation est dans l’ADN des Congolais, au sortir du Dialogue intercongolais de Sun City, on a cru trouver la panacée en réservant aux
confessions religieuses l’exclusivité de la désignation du président (ou de la présidente) de la centrale électorale.
En dehors cependant de la CEI dirigée par le prélat Apollinaire Malumalu boudé d’ailleurs par sa confession d’appartenance (Eglise catholique romaine), c’est le pasteur Daniel Ngoy Mulunda et le laïc Corneille Nangaa, tous
les deux d’obédience protestante, qui ont managé la Céni dans une ambiance de remise en cause permanente entretenue par la Cenco.

Au-delà des considérations ethno-tribales ou « géopolitiques « à la congolaise, on est en butte à la même constante : la contestation.
Ainsi :
– quand on élabore l’une ou l’autre des lois dites électorales, on conteste;
– quand on met sur pied le Bureau de la Centrale électorale, on conteste;
– quand on élabore le budget d’un cycle électoral, on conteste;
– quand on publie le calendrier électoral, on conteste;
– quand on se procure les équipements électoraux, on conteste,
– quand on réalise les opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs, on conteste;
– quand on publie les listes électorales, on conteste;
– quand on lance la campagne électorale, on conteste;
– quand on publie les résultats provisoires, on conteste;
– quand on publie les résultats définitifs, on conteste, et
– même quand on organise l’investiture du président élu, on conteste.

Bref, on est de plain-pied dans la
systématisation de la contestation.
Il est vrai que dans tous les pays démocratiques, il n’y a jamais eu d’élections sans bouderie.

Mais, l’exception congolaise
agace.

En voulant se positionner
malheureusement aux premières loges (celles de la décision au même titre que les institutions de la République), l’Eglise
congolaise (toutes confessions religieuses confondues) porte une
responsabilité énorme dans ce qui
(nous arrive).

Et pour cause !

Dans les pays occidentaux, la société civile (confessions religieuses comprises) ne joue aucun rôle dans l’organisation matérielle des élections.
Par contre, dans nos pays – le nôtre entre autres – la société civile se croit pouvoir organisateur des élections. Et encore, réputée politisée, elle ne s’embarrasse
pas de prendre position en faveur de tel camp politique, donc au détriment de tel autre camp.

En témoigne, le « geste 4 doigts » !

La Constitution de la République consacre pourtant à son article 1 la laïcité de l’Etat et, avec elle, la Démocratie ayant a pour épine dorsale l’élection.

Lorsque l’élection est en quelque sorte « prise en charge « par l’Eglise,   c’est  la  laïcité  qui  en prend un coup.

En toute logique, on ne devrait pas s’étonner de tous les couacs qui surgissent au point de bloquer la machine.

Aussi, au pays des néologismes, pendant que discours est à la dépolitisation*de la Céni, on serait plutôt complet en préconisant la « de-religionnalisation « de la Centrale électorale.

La réflexion à laquelle nous devrions tous être associés en tant que Citoyens du pays est celle de nous demander pourquoi nous adoptons facilement *TOUT* ce que font les Occidentaux
(société modèle) en matière de sécurité publique, de justice, de macro-économie, voire de cuisine, mais nous cherchons à réinventer la roue dès qu’il s’agit de démocratie, particulièrement de son instrument de régulation qu’est le processus électoral !

En d’autres termes, pourquoi continuer à nous en tenir à une formule (implication de l’Eglise dans la désignation du président ou de la présidente de la Ceni)
qui empoisonne notre existence en tant qu’Etat alors qu’elle ne nous réussit pas depuis les cycles électoraux précédents et piège déjà celui en cours.

En d’autres termes encore, pourquoi ne pas revenir à la formule qui avait fait ses preuves en 1965 puisqu’elle continue de
le faire dans des démocraties occidentales.

En d’autres termes également, pourquoi devrons-nous nous considérer comme un État moderne si nous persistons à
nous révéler incapables d’organiser de bonnes élections par la voie soit du ministère de l’Intérieur, soit de la Commission électorale !

Un pays, un Etat, ça se mérite…

Omer Nsongo die Lema
die@_lema 
E-mail : Omer Nsongo
omernsongo@gmail.com 
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