Okapinews.net
Politique

RDC : Tshisekedi face au casse-tête de « l’Union Sacrée » (Tribune de Christophe Rigaud, Afrikarabia)

publicite-candidat

29 janvier 2021-Comment faire cohabiter l’UDPS,l’UNC, des anciens Kabilistes FCC, Moïse Katumbi et Jean-Pierre
Bemba ?  C’est  la  délicate équation qu’essai de résoudre le Président Félix Tshisekedi au sein de son « Union Sacrée » pour récupérer une majorité favorable
à l’Assemblée nationale.

Y aurait-il de la place pour tout le
monde dans « l’Union sacrée » ? La
nouvelle majorité parlementaire en
construction autour du président Félix
Tshisekedi attire les foules. Depuis le
lancement de son rassemblement visant à renverser les rapports de force à l’Assemblée Nationale, le Chef de l’Etat a réussi à obtenir le soutient
de la quasi-totalité du spectre politique congolais, moins quelques Kabilistes encore fidèle à l’ancien président.

Les places seront donc très chères pour
faire partie de l’ « Union Sacrée » et
surtout pour bénéficier des postes-
clés qui iront avec le changement de
majorité parlementaire : Présidence et
Vice-présidence de l’Assemblée Nationale, Primature et Ministères
stratégiques… Tout le monde veut son
poste pour pouvoir peser sur l’échiquier politique.

Des ex-FCC majoritaires

Le problème, c’est que « l’Union
Sacrée »  est  devenue «une  véritable
auberge espagnole», s’inquiète un de
ses nouveaux venus qui voit les rangs
de la nouvelle majorité grossir à vue
d’œil. Autour de l’UDPS, le parti
présidentiel et de l’UNC, son
partenaire de CACH, il faudra
maintenant compter avec les nombreux déçus du FCC pro-Kabila, qui ont rallié le président Tshisekedi.

Si nombreux, «qu’ils sont maintenant
dev enus majoritaires » au sein
de « l’UNION  sacrée»  s’étonne  un
membre de CACH.

Plusieurs caciques du FCC ont
récemment viré casaque pour soutenir
le large rassemblement présidentiel.
On y retrouve l’emblématique ex-porte-
parole de la kabilie, Lambert Mende,
lez ministre de l’industrie Julien Paluku, l’ancien gouverneur du Kasaï, Ngoy Kasanji, Jean-Lucien Busa, Jean-
Charles Okoto ou Puis Muabilu, le
ministre de l’Urbanisme.

Trop plein ?

A ces nouveaux venus provenance du
FCC, le président Tshisekedi a
également réussi à convaincre une
partie de l’opposition de rejoindre son
rassemblement.

Jean-Pierre Bemba du MLC et Moïse
Katumbi, d’Ensemble, ont eux aussi
décidé de donner une chance à
« l’Union  sacrée ».

Dans cette étonnante coalition, on
retrouve aussi l’une des pièces
maîtresse du chef de l’Etat pour tenter
de faire tenir l’édifice : Modeste Bahati et sa petite cinquantaine de députés AFCD-A dans le rôle de
« l’informateur » chargé  d’identifier  la nouvelle majorité et permettre la
nomination d’un futur Premier ministre
plus en phase avec « la vision » de
Félix Tshisekedi.

Le plus difficile reste maintenant à
venir :  trouver  un  modus  operandi au
sein de cette nouv elle alliance
hétéroclite et surtout qui contente tout
le monde. Avec autant de tendances
politiques contre-nature qui couvrent
maintenant l’intégralité du paysage
politique congolais, l’équation paraît
bien difficile à résoudre.

Une difficile répartition des postes

Au temps de la coalition CACH-FCC,
les violons avaient déjà mis beaucoup
de temps à s’accorder autour de la
composition du premier gouvernement
de Sylvestre Ilunga. Sept mois ont été
nécessaires pour trouver le subtil
équilibre entre UDPS-UNC et FCC.

Dans les chancelleries occidentales,
ont doute que ce drôle d’attelage
puissent se mettre rapidement
d’accord sur une distribution
satisfaisante des postes.

On voit mal, en effet, comment la présidence de l’Assemblée nationale pourrait échapper à un membre du FCC
version « Union  sacrée ».

Le mouvement est majoritaire et peut
faire la pluie et le beau temps dans
l’hémicycle :  on  imagine difficilement Félix Tshisekedi réussir à imposer une
autre formation. Un choix qui pourrait
faire grincer des dents au sein du
propre parti présidentiel, mais aussi
au MLC et à Ensemble. La Primature
pourrait revenir à une personnalité de
compromis.

La seule qui émerge pour l’instant est
tout simplement « l’informateur »
Modeste Bahati, qui pourrait rassembler aussi bien au sein du FCC que des autres composantes.

Une « cannibalisation »  par  le  FCC
Face à ce casse-tête, Félix Tshisekedi
sait qu’il fera des déçus. Et pour le
moment, l’ambiance est tendue avec Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, qui se demandent aujourd’hui ce qu’ils sont venus faire dans cette galère et cautionner un énième rabibochage entre le FCC et Tshisekedi.

Le climat est désormais à la méfiance entre le chef de l’Etat et les deux autres leaders de l’opposition qui assistent impuissants à la cannibalisation de « l’Union  sacrée »  par  le FCC. Qui peut piloter un tel
paquebot avec Tshisekedi, Bemba, Katumbi, Mende, Bahati à son bord ?

Dans le camp Katumbi, on prévient : «Dans  les  conditions
actuelles, nous ne serons pas dans
« l’Union  sacrée ».  Ils  ont  déjà  obtenu la majorité parlementaire avec les députés du FCC qui les rejoignent.

Le nombre de députés du FCC est déjà
suffisant», a déclaré Mohindo Nzagi sur
la radio Top Congo.

Une autoroute vers la dissolution ?

La forte prédominance du FCC dans
« l’Union  sacrée »  constitue  sans  doute le plus grand handicap de la nouvelle coalition. Quelle confiance pourra avoir le président Tshisekedi sur ces députés ex-FCC qui ont fustigé et boudé les consultations nationales avant
d’adhérer à « l’Union sacrée » ?

Le chef de l’Etat pourra-t-il mieux
gouverner et mieux réformer la RDC
avec les mêmes députés ex-FCC et un
nouveau gouvernement où il devra faire de la place à des anciens membres
de la coalition pro-Kabila ? « L’Union
sacrée » semble complexifier l’équation
politique, avec davantage d’acteurs aux
intérêts divergents, plutôt que de la
simplifier.

Le Président Tshisekedi possède tout
de même une menace efficace pour
faire rentrer tout le mode dans le rang
(et surtout les ex-FCC) en cas de
blocage institutionnel : la dissolution de l’Assemblée nationale. De nombreux
députés hésiteront à perdre leurs
confortables émoluments. Mais cette
solution serait aussi dévastatrice pour
l’actuel chef de l’Etat devant la difficulté d’organiser un scrutin dans les 60 jours, sans moyens financiers et avec une Commission électorale (CENI) qui ne lui est pas complètement favorable.

Christophe Rigaud- Afrikarabia

publicite-candidat

Liens Pertinents