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RDC : Butembo est assiégée (Tribune)

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24 juillet 2021-La ville de Butembo (non loin de Beni) n’est plus seulement en état de siège comme les autres, mais elle est littéralement assiégée. D’après de nombreuses sources concordantes, les routes qui la ravitaillent (Kasindi-Butembo, Bunia-Butembo…) sont devenues de véritables couloirs de la mort. L’approvisionnement en nourriture en souffre, sans parler du commerce qui est l’activité principale du peuple nande. Mais ce ne serait pas que les abords qui sont coupés ; tueries et pillages des commerces pendant le couvre-feu sont devenus le lot quotidien, par des individus vêtus en FARDC et en PNC, parlant Kinyarwanda, Kiganda et Kinande.

Il semble que chaque jour, les populations voient des inconnus s’acheminer vers la ville, en essayant de se cacher, mais pas assez pour ne pas être aperçus par les jeunes vigilants. Dénoncer ce se passe devient dangereux. Dernièrement, un jeune activiste de Veranda dénommé Fiston Isambiro aurait été arrêté pour cela et se retrouve actuellement dans les cachots de Butembo.

Il est difficile de savoir ce qui se passe exactement dans cette partie du pays, parce qu’une omerta du silence semble peser sur les autorités et représentants de la ville. L’armée s’est lancée dans une vaste campagne de communication, mais dont les exploits sont relativisés, si pas contestés par de nombreuses autres sources. Les politiques sont aux abonnés absents, d’une part parce que une administration militaire s’est mise en place, et d’autre part parce que les députés se taisent et se cachent. Étonnant quand même, cette couardise des élus, au moment où leurs collègues de l’Ituri n’ont pas mâché les mots pour nommer les tueurs (les Banyabwisha), et ainsi lever l’équivoque des éternels « présumés (et faux) ADF ». Les députés du Nord Kivu connaitraient très bien l’identité des tueurs, dont les premières colonnes seraient arrivées sur place en 2014. Seraient-ils complices, ou bien sont-ils seulement terrorisés ? Lorsque le président de l’Assemblé nationale MBOSO KODIA lançait du haut de sa tribune son célèbre « Honorables députés du Grand Kivu, sortez des groupes armés », il savait certainement lui aussi, car on ne pointe pas ainsi un doigt accusateur à des collègues députés sans preuve. Mais, lui aussi pourquoi ne sort-il pas des « groupes armés » dont il se fait complice par son silence ?

Il est temps que nous prenions tous le courage de délier les langues et de prendre les initiatives qui s’imposent. Il faut faire toute la lumière sur l’arrestation de l’activiste Fiston Isambiro. Le Président Mboso et les députés du Nord Kivu doivent accepter de quitter les groupes armés en disant ce qu’ils savent et que nous savons qu’ils savent. Il est inutile de nous endormir en déposant des mémos dont nous savons d’avance qu’ils seront sans lendemains. C’est désormais au peuple qu’il faut rendre compte, mubunzu na mbunzu, car tous les politiciens savent ce qui se passe, et font semblant. Nous préconisons un cadre de travail où des intellectuels et membres de la société civile discuteront avec les politiciens pour se dire ce qui se passe et trouver ensemble les réponses appropriées. Par exemple, il faut débattre sérieusement sur la mise en place d’une autodéfense (l’armée est visiblement dépassée, il faut pas avoir honte de le reconnaître). Et attendant, nous demandons aux organisations des droits de l’homme de s’activer pour la libération de Fiston Isambiro, et au gouverneur militaire de sécuriser toutes affaires cessantes les axes routiers qui conduisent à Butembo.

NOUS NE NOUS LAISSERONS PAS TUER ET DÉPOSSÉDER DE NOTRE PAYS. DEBOUT CONGOLAIS !

Kimikambo GONTCHO (+ 243 81 27 22 490)
Conscience nationale en action (CNA)

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