9 mars 2022-Propulsé à la tête des renseignements congolais au début du mois de décembre, le patron de l’ANR a joué un rôle central dans la disgrâce de François Beya, ce conseiller sécurité de Tshisekedi que l’on pensait intouchable.
1. Kasaïen
Le patron de l’Agence nationale de renseignements (ANR) est originaire, comme Félix Tshisekedi, de la province du Kasaï-Oriental. Ils sont issus du même territoire, celui de Kabeya-Kamwanga.
2. Sun City
Au début des années 2000, il participe au dialogue inter-congolais de Sun City. Il fait partie de la composante « forces vives » et planche au sein de la commission politique et juridique en tant que délégué national de la Société civile du Congo (SOCICO), dont il est le secrétaire général. Il est l’un des nombreux signataires de l’accord final.
3. Ascension
Dans la foulée, il fait ses premiers pas dans le renseignement et endosse rapidement le rôle de directeur provincial de l’ANR pour la ville de Kinshasa. À ce poste, il travaille en étroite collaboration avec certains des futurs hauts cadres de l’agence, comme Kalev Mutond, à l’époque directeur central en charge du contre-espionnage.
4. Député
En parallèle de cette carrière dans les services, il devient le secrétaire général du Parti de l’alliance nationale pour l’unité (PANU), une formation membre de la majorité présidentielle de Joseph Kabila. Désigné député en 2003, il deviendra plus tard vice-gouverneur de la capitale. Il est également professeur à l’université de Kinshasa.
5. Promotion
Selon un ancien haut cadre de l’ANR, c’est à François Beya qu’il doit sa nomination au poste d’administrateur général adjoint. Début 2019, alors que Félix Tshisekedi venait d’arriver au pouvoir, c’est l’ancien patron de la Direction générale de migration (DGM) qu’il avait chargé de plancher sur les nominations au sein de l’appareil sécuritaire. Déjà en disgrâce en décembre dernier, Beya n’aura en revanche pas été associé à sa promotion à la tête de l’agence.
6. Kamerhe
En août 2019, alors qu’il n’est encore que numéro 2 de l’ANR, Mbelu exige, auprès de l’Inspection générale des finances (IGF), un audit des dépenses des différents ministères depuis l’arrivée. Une initiative qui le place en conflit avec le puissant directeur de cabinet de l’époque, Vital Kamerhe, lequel ira jusqu’à demander la suspension des enquêtes.
7. Beya
Propulsé à la tête de l’ANR en remplacement d’Inzun Kakiak, Jean-Hervé Mbelu Biosha a joué un rôle central dans la mise à l’écart de Beya. Le 5 février, il a personnellement participé à l’interpellation du « conseiller spécial », sur instruction directe de Tshisekedi. C’est d’ailleurs dans les locaux de l’ANR que Beya a été entendu et détenu.
8. Confiance
Si son prédécesseur était réputé proche de Kalev Mutond, dont il a été l’adjoint, Mbelu bénéficie davantage de la confiance du chef de l’État, qu’il connaît de longue date, selon un conseiller du président. Sa nomination s’inscrit en partie dans une volonté d’une reprise en main des services de sécurité par Tshisekedi.
9. Jet
Mbelu dispose de prérogatives renforcées. C’est lui qui a désormais la main sur les autorisations de départ et d’atterrissage des jets – c’était auparavant du ressort de Beya. Cette prérogative lui confère un droit de regard sur les déplacements de certaines personnalités.
10. Paranoïa
En janvier, il a retardé les déplacements de deux poids lourds de la scène politique congolaise : ceux de Moïse Katumbi et de Joseph Kabila, dont les allers-retours en Afrique australe – notamment en Afrique du Sud – alimentent une forme de paranoïa dans l’entourage du président congolais. Officiellement, l’ANR souhaitait s’assurer de l’identité des gardes qui accompagnaient l’ancien chef de l’État.
Article tiré de Jeuneafrique