Lundi, 30 septembre 2024-La ville de Kisangani a vibré au rythme des échanges lors d’une table ronde organisée par le groupe Lotus, réunissant acteurs de la société civile, autorités locales et forces de l’ordre. Cet événement, qui s’est tenu ce lundi 30 septembre 2024 a mis en lumière la situation préoccupante des défenseurs des droits humains dans la province de la Tshopo.
Dans un contexte sombre des violations des droits fondamentaux qui gangrènent la région entre autre des violences sexuelles, arrestations arbitraires, discours de haine, conflits intercommunautaires, restrictions à la liberté d’expression (…). Ces atteintes aux droits humains, loin d’être isolées, s’inscrivent dans un contexte général d’insécurité et d’impunité.
L’objectif principal de cette table ronde était de renforcer la protection des défenseurs des droits humains et de favoriser un dialogue constructif entre les acteurs de la société civile et les autorités.
Les participants ont notamment examiné la loi n° 23/027 du 15 juin 2023 relative à la protection et la responsabilité des défenseurs des droits humains en RDC. Si cette loi constitue une avancée significative, elle présente également des limites, notamment en ce qui concerne la reconnaissance des défenseurs non affiliés à des organisations reconnues.
Dismas Kitenge, Président du groupe Lotus, a souligné l’importance de cette loi, tout en mettant en évidence ses lacunes. Il a rappelé que les défenseurs des droits humains jouent un rôle essentiel dans une société démocratique, mais qu’ils sont souvent confrontés à des risques pour leur sécurité.
« Cette rencontre est d’abord pour discuter de la loi sur la protection des défenseurs des droits humains qui a été adoptée en RDC et ensuite d’étudier la possibilité d’avoir aussi un édit, c’est-à-dire une loi qui protège les défenseurs à l’instar des provinces du Nord et Sud Kivu, voilà pourquoi nous avons réunis les représentants des autorités et les défenseurs » dit Dismas KITENGE, organisateur et président du groupe Lotus, un des intervenants de cette table ronde.
Ensuite, cet défenseur des droits de l’homme a parlé de la force de cette loi qui est selon lui, permet de reconnaître les défenseurs des droits humains d’abord au sens large, c’est-à-dire toutes les personnes qui sont engagées à promouvoir et à protéger les droits humains d’une façon individuelle ou collective. Ensuite, elle constitue une avancée positive, c’est que l’on responsabilise l’État de protéger les défenseurs des droits humains, non seulement on les reconnaît mais on demande à l’État de les protéger, pour qu’ils ne soient pas poursuivis pour tout ce qu’ils font notamment, les dénonciations et les publications.
Tour à tour, Dismas KITENGE a relevé les faiblesses de cette loi qui, selon lui c’est le fait que certaines de ses dispositions conditionnent la reconnaissance de la qualité de défenseurs par la reconnaissance de la CNDH (Commission nationale des droits de l’homme). Ce qui, d’après lui, « très restrictif puisque le mouvement citoyen qui se crée d’une manière spontanée, les défenseurs spontanés qui ne sont pas associés à des associations ne sont pas reconnus, ils sont exclus de la protection…».
Cette table ronde de Kisangani est un signal fort. Elle témoigne de la volonté de la société civile de défendre les droits humains et de l’urgence d’agir pour mettre fin aux violences.
Les autorités provinciales et nationales ont désormais la responsabilité de prendre des mesures concrètes pour garantir la protection des défenseurs des droits humains et promouvoir une culture de paix et de respect des droits de chacun.
Joseph KIPALA