Mardi, 21 août 2023-La Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo siégeant en matière pénale, a renvoyé au 4 septembre la cause Matata Ponyo Augustin, absent au procès, pour respecter la procédure dans l’affaire du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, situé à 240 Km de Kinshasa, a constaté l’ACP.
« La cause est contradictoire à l’égard du prévenu Mutombo Nyembo Deogratias et la procédure sera relancée en ce qui concerne Matata Ponyo Mapon et Glober Kristo Stephanus . La cause est remise au 4 Septembre » a déclaré le juge président Dieudonné Kamuleta lors de cette audience d‘ouverture, en attendant, a-t-il dit, la régularisation des dossiers de l’ancien premier ministre et l’homme d’affaires sud-africain..
« Relancez la procédure en ce qui concerne le prévenu Glober Kristo Stephanus. Il a une adresse ici à Kinshasa, l’huissier instrumentant doit préciser à quelle adresse il s’est retrouvé. Pour le prévenu Matata Ponyo faites en de même», a ordonné le juge président Kamuleta, soucieux de régulariser la procédure. .
Les articles 57, 58 , 60 et 61 du décret du 6 août 1959 portant code de procédure pénale exigent qu’une citation à comparaître soit délivrée par un officier à l’adresse des prévenus, faute de quoi la procédure s’avérera irrégulière à leur endroit.
A cette audience introductive, la cour a certifié seule l’identité du prévenu Deogratias Mutombo Nyembo.
Affaire à rebondissements
En novembre 2021, la Cour constitutionnelle s’était déclarée incompétente pour juger l’ancien Premier ministre. Juste après, la Cour de cassation avait pris le relais, et l’affaire avait été reportée deux fois.
Procureur général près la Cour constitutionnelle, Jean-Paul Mukolo Nkokesha, avait émis, le 10 juillet 2023 à Kinshasa, un deuxième mandat de comparution à l’endroit du sénateur Augustin Matata Ponyo. L’ancien Premier ministre sous le régime de l’ex-Président de la République Joseph Kabila était convié de comparaître devant le Parquet général près la Cour constitutionnelle le mercredi 12 juillet 2023 « pour y être entendu sur des faits infractionnels lui imputé».
« Nous lui faisons savoir que, faute de le faire, il y sera contraint conformément à la loi », avait prévenu le Procureur général près la Cour constitutionnelle.
Dans son réquisitoire adressé le 20 juin dernier au bureau du Sénat, le Procureur général avait fait savoir qu’ « il aurait des éléments nouveaux qui gisent au dossier de Matata sur l’affaire de la débâcle du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo ».
Trois jours après, l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo avait récusé le Procureur général Jean-Paul Mukolo, et le président du Sénat, Modeste Bahati, avant de déposer, vendredi 23 juin, des plaintes contre eux à la Cour de cassation.
Le parc agro-industriel de Bukanga Lonzo était créé en 2014, dans le cadre d’un partenariat public-privé entre le gouvernement et une société sud-africaine, Africom Commodities, sous le régime de l’ancien président Joseph Kabila.
Bukanga-Lonzo : une vaste affaire de détournements
Ce parc situé dans la province du Kwango devait exploiter 80.000 hectares de terres ; pour la production de maïs et d’autres cultures.
Sept ans après son inauguration par Joseph Kabila, président de la République de l’époque, le projet est non seulement considéré comme un échec , mais aussi comme une vaste affaire de détournements.
Dans son rapport transmis à la justice sur la gestion du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, l’Inspection générale des finances (IGF) avait révélé que 285 millions USD, au total, ont été décaissés par le gouvernement. De cette somme, « au moins 205 millions USD ont été perdus dans ce projet, dont l’échec aurait été planifié dès sa conception ».
Pour l’IGF, l’auteur intellectuel de cet échec, c’est l’ancien Premier ministre.
Avec ACP