Mercredi, 16 février 2022-François Beya, conseiller spécial du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi en matière de sécurité, est toujours en détention au siège de l’Agence nationale de renseignement -ANR-, où il a passé sa onzième nuit. Il est auditionné dans le cadre d’une enquête sur une éventuelle «atteinte à la sûreté de l’Etat». «Il s’agit d’une affaire relevant de la sûreté de l’Etat, une matière de la compétence exclusive de l’ANR. Il n’est pas dans les habitudes de ce service de communiquer sur ses activités. Les indices sont suffisamment sérieux et ne peuvent donner matière à d’autres considérations de nature ou de type tribal, clanique ou régional», avait dit le porte-parole du Chef de l’Etat dans un Communiqué lu sur les antennes de la télévision publique.
Si lundi le 14 février, les informations sur la perquisition de ses bureaux de l’hôtel Sultani et de sa propriété de Mont-Ngafula ont été confirmées, certaines sources ont rapporté que le Spécial a reçu le même jour la visite d’un super flic actuellement aux commandes de l’un des services de sécurité du pays. Mais tous les officiels approchés pour en savoir plus ont refusé de parler. François Beya a servi les quatre régimes qui se sont succédés en un peu moins de 30 ans. Jusqu’à son interpellation par l’ANR le 5 février, il était présenté comme un homme clé du système Tshisekedi.
Âgé de 67 ans, Beya a été recruté au milieu de la décennie 80 au Centre national des documentations -CND-, ancêtre de l’actuelle ANR, sous le régime du dictateur Mobutu Sese Seko. Affable, ce père de plusieurs enfants, surnommé Fantômas, parce que passant inaperçu malgré ses responsabilités, est «un véritable commis de l’État, effacé, efficace, cartésien et professionnel», a témoigné auprès de l’AFP un retraité de l’ANR. Il accédait à ce poste bien qu’étant originaire du Kasaï, la région de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, père de Félix, a raconté cet ancien agent.
Carrière démarrée sous le régime de Mobotu
Pendant cette période, François Beya a bénéficié de formations dans plusieurs pays, notamment en Europe, en Israël et aux États-Unis. En 1994, il est affecté au Conseil national de sécurité -CNS- comme assistant principal de Tshimbombo Mukuna, Conseiller spécial en matière de sécurité du président Mobutu. En mai 1997, Laurent-Désiré Kabila, à la tête d’une coalition de groupes rebelles et soutenu par des pays de la région, réussit à chasser Mobutu du pouvoir. François Beya prend le chemin de l’exil pour moins d’une année. Le chef de l’ANR de cette époque, Didier Kazadi, en même temps patron du Conseil de sécurité de l’État -CSE-, le nomme directeur de son cabinet.
À cette époque, il a joué un grand rôle dans le retour de nombreux partisans de Mobutu qui avaient fui le pays à l’avènement de Laurent-Désiré Kabila. À la mort de celui-ci, assassiné après quatre ans de pouvoir, Joseph Kabila succède à son père. «S’étant fait remarquer par son expertise, le président Kabila-fils lui a confié la stratégique Direction générale de migration -DGM-, comme directeur général, pendant 12 ans», a encore rapporte le retraité de l’ANR.
Natine K/AFRICANEWS