Mercredi, 15 septembre 2021-Hier mardi, les populations de Beni ont marqué un point qui sera un tournant ; elles ont observé les deux journées mortes unanimement suivies par toute la population en dépit des menaces du maire de la ville. Cette journée morte est un désaveu cinglant de l’état de siège. Depuis l’instauration de celui-ci, les militaires qui ont pris officiellement la direction des provinces du Nord Kivu et de l’Ituri se sont illustrés plus par leurs rapines et la répression des populations que par la réduction de l’insécurité qui est la raison officielle de leur présence.
L’armée est l’objet de toutes les accusations depuis quelque temps. Elle a été pointée du doigt nommément par Bintou Keita et Mike Hammer : « ce n’est pas la MONUSCO qui tue, c’est votre armée et votre gouvernement ». L’armée a ensuite été désavouée par son propre commandant en chef, le Président de la République en personne, l’accusant de magouilles. Elle est également pointée du doigt par les députés nationaux et provinciaux dans leurs rapports sur l’état de siège, tant en Ituri que dans le Nord Kivu. Enfin, elle est citée par d’innombrables témoignages des victimes de pillages et des rescapés des massacres.
Si les populations de Beni ont manifesté leur mécontentement dans une aussi éloquente unanimité, posons-nous la question de savoir pourquoi le président de la République ne dit rien, et pourquoi le président de l’Assemblée nationale la protège tant, lui qui demandait du haut de la tribune aux députés du Grand Kivu de « quitter les groupes armés », mais se montre lui-même le soutien du plus grand « Groupe armé du pays », entretenu par les moyens de l’Etat.
C’est du jamais vu ; c’est comme si le pays est pris en otage par des militaires tout puissants, qui se permettent de menacer tout le monde, y compris le Chef de l’État.
Puisque tous ceux qui sont censés nous apporter des réponses à ces questions se taisent, ce qui nous reste à faire c’est soutenir les populations de Beni, mais aussi de faire comme elles. Dans un ensemble patriotique, nous devons tous appeler la vérité sur l’armée.
Les manifestations pacifiques comme celle des compatriotes de Beni doivent être imitées et reproduites partout au pays : villes mortes à Kinshasa, Goma, Butembo, Bunia, et pourquoi pas dans les autres provinces. C’est cela l’autodéfense.
Nous avons lancé plusieurs fois le débat sur celle-ci. Pourquoi peut-on traquer un peuple menacé d’extinction, dépossédé chaque jour de ses terres, de se défendre alors que la défense de la vie est un droit fondamental.
Personne ne répond ; les députés et les saltimbanques intellectuels préfèrent montrer les muscles dans la congolité et la dot à 500 $, des sujets qui sonnent après coup comme des distractions voulues.
Nous félicitions les populations de l’est d’avoir osé, et nous les soutenons. Nous les invitons à programmer, ensemble avec le reste de la population congolaise si c’est possible, de semblables manifestations sur une échelle nationale. C’est de cette manière que nous faisons l’autodéfense, faisant entendre notre voix dans la non-violence, comme Gandhi.
Il faut faire échec au déguerpissement en cours des Congolais de leurs terres, comme si celles-ci auraient déjà été cédées à des acquéreurs inconnus.
Kimikambo Gontcho, whatsApp (+243 81 27 22 490),
Conscience nationale en action,