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RDC : le remaniement dans l’armée congolaise se fait attendre !

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Vendredi, 24 décembre 2021-Félix Tshisekedi avait promis de ramener la paix à l’Est du pays et de nettoyer l’armée congolaise gangrénée par la corruption et les violations des droits del’homme. Mais à l’approche des élections de 2023, le statuquo semble de mise

La liste des nouvelles nominations des officiers supérieurs et des généraux de l’armée congolaise a été déposée à plusieurs reprises sur le bureau de Félix Tshisekedi. Mais à chaque fois, le président a reporté la signature de l’ordonnance.

Le délicat jeu de chaise musicale pour réorganiser l’armée congolaise s’avère plus difficile que prévu. En juin dernier, le chef de l’Etat avait tapé du poing sur la table lors d’une visite à Bunia, une région de l’Est du Congo où les groupes armés sont toujours très actifs.

Félix Tshisekedi avait découvert que sur les 21.000 soldats annoncés pour lutter contre les rebelles ADF, les effectifs réels n’excédaient pas les 9.000 hommes. Il avait alors dénoncé « les magouilles et la mafia » qui minaient les Forces armées de République démocratique du Congo (FARDC).

Un premier remaniement très timide

En juillet, une dizaine de militaires ont été interpellés pour le détournement des fonds destinés aux soldats déployés à l’Est. Mais depuis, aucun général n’a été inquiété.

Certains sont régulièrement accusés de connivence avec les groupes armés, de trafics de minerais et de violation des droits de l’homme.

L’instauration de l’état de siège en mai dernier en Ituri et au Nord-Kivu, les deux provinces les plus touchées par les violences, pouvaient laisser penser qu’une profonde réorganisation de la chaîne de commandement était en vue, afin de couper les liens incestueux des militaires avec l’affairisme et les groupes armés.

Mais là encore, le grand chambardement dans la chaîne de commandement des FARDC ne semble pas pour demain.

Sans relais au sein de l’appareil sécuritaire à son arrivée à la présidence début 2019, Félix Tshisekedi a tenté de remanier par petites touches les FARDC, notamment en écartant John Numbi, soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat de Floribert Chebeya. Mais les généraux Gabriel Amisi « Tango Four », Akili Mundos ou Fall Sikabwe, accusés de crimes de guerre et sous sanctions internationales, n’ont pas été inquiétés.

Statuquo jusqu’en 2023

Le chef d’état-major des FARDC, Célestin Mbala, est clairement sur la sellette. Accusé d’avoir menti au président Tshisekedi sur les effectifs déployés à l’Est et soupçonné « de faire du business », ce militaire en âge d’être en retraite, n’a pas la confiance du chef de l’Etat.

Mais le remplacer s’avère délicat. Les deux plus hauts gradés pour lui succéder sont Jean-Claude Yav et Gabriel Amisi.

Le premier est jugé trop proche de Joseph Kabila et le second, même s’il a déclaré sa loyauté envers Tshisekedi, est sous sanctions internationales et dans le viseur des Etats-unis.

Célestin Mbala pourrait donc être confirmé à son poste, « au moins jusqu’en 2023 » nous confie une source sécuritaire.

« Mbala est le moindre mal. Tshisekedi avait promis le poste à Jean-Claude Yav si Mbala était débarqué, mais le président n’a pas du tout confiance en lui ».

Le statu quo pourrait donc être de mise au sein des FARDC jusqu’à la prochaine présidentielle.

« Félix craint des remous dans l’armée avant les élections, analyse notre source. C’est un problème de timing. Le président aurait dû réorganiser l’armée après sa rupture avec Joseph Kabila. Maintenant, c’est un peu tard ».

Du changement dans la police congolaise?

Un remaniement est pourtant toujours évoqué au sein de la Maison militaire, où officie Franck Ntumba. Ce dernier se verrait bien prendre en main la police congolaise et remplacer ainsi son actuel patron Dieudonné Amuli.

« La sécurisation du processus électoral serait alors entre de bonnes mains pour 2023 » estime un fin connaisseur du dossier.

Félix Tshisekedi est donc tenté par ne rien toucher dans la sphère sécuritaire à l’approche des élections.

Et surtout au sein de l’armée congolaise, où les généraux écartés de la chaîne de commandement pourraient devenir des menaces pour Kinshasa. Le grand bouleversement dans l’armée congolaise attendra donc encore un peu.

Christophe Rigaud – Afrikarabia

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