Le 06 Décembre 2020, d’un ton ferme et rassurant, le Président Félix TSHISEKEDI mettait fin (unilatéralement peut être mais, après le refus du FCC de répondre à son invitation) à la coalition FCC/CACH avec qui, par un accord de Gouvernance, a dirigé le Pays pendant 22 mois.
Une sortie à l’allure rassurante et rassurée nous fût retransmise en direct par le cameraman de la RTNC pour bien marquer les esprits et le message est vraiment passé.
Au vu de cela, je me disais que les carottes étaient cuites et qu’à mon sens, le lendemain ou le surlendemain, l’informateur serait nommé car, il y avait manifestement une très forte détermination à en finir pour ne pas dire en découdre avec le désormais ancien allié, surtout que sa nomination n’est pas suspendue à la démission du Premier Ministre.
D’aucuns pourront me dire (à juste titre peut-être) que j’allais vite en besogne mais, le scénario vécu au courant de deux passages du Chef de l’État me faisait penser à un combat de boxe.
Vous conviendrez avec moi que dans ce type de combat, on essaie d’éviter au maximum une victoire aux poings car, cela dépendra de l’appréciation des juges. On recherche le K.O sur tapis ou abandon de l’adversaire. C’est comme ça que celui qui a la chance de faire entrer deux directs qui font sonné l’adversaire, enchaîne avec un huppercut pour envoyer définitivement au tapis son adversaire. Nous venons de le vivre avec notre champion du monde MAKABU face au Nigérian DORODULA. La leçon que j’en tire, c’est qu’il ne faudra donc pas laisser à l’adversaire le temps de se refaire.
C’est peut être pour cela qu’enfin, aujourd’hui, 3 semaines après, jour pour jour, nous enregistrons un redémarrage du processus devant conduire à la mise en place de l’USN par l’invitation à Kinshasa de Sieurs JP BEMBA et Moïse KATUMBI. On peut noter que cette invitation a été voulue visible. Ce qui a donné l’impression dans un premier temps, d’une réduction de l’USN à un précarre qui pourrait se révéler exigeante après. Fort heureusement que d’autres audiences ont suivi et se suivent encore pour confirmer le redémarrage.
En attendant, la suite des événements, il me semble important d’analyser tout ça, en partant de l’idée émise, à la crainte de vivre une situation inattendue, tout en passant par l’impérieuse nécessité de donner un contenu, donc un corps à l’USN et souligner la difficulté de faire encore une fois de plus, du Neuf avec du Vieux.
1/ L’union Sacrée de la Nation, c’est quoi au juste ?
Je n’irai pas jusqu’à dire que nombreux ne peuvent à ce jour la définir correctement et de manière définitive mais, je suis persuadé que si l’on passe un micro trottoir, chacun la définira à sa manière et à la limite, au regard de ses intérêts pour autant que ça l’arrange ou non.
– A/ L’idée n’est pas à écarter à mon sens. Au contraire, il faudra l’expérimenter, le temps de permettre au FCC (qui reste, quoiqu’on en dise, une force politique même diminuée) de corriger ses erreurs pour ne pas dire ses tares. Il faut donner du temps au comité de crise nommé à cet effet et éviter de lui faire faire un travail bâclé car le mal est plus profond qu’on ne le pense.
Nous nous rappellerons que tout a été essayé dans ce Pays et pourquoi ne pas tenter cette Gouvernance, certes hétéroclite, qui pourra aller dans tous les sens mais dont la volonté de sortir le Pays du gouffre fera peut être l’affaire ? On ne sait jamais.
– B/ L’impérieuse nécessité de donner un contenu à l’Union Sacrée de la Nation s’impose au fil de temps.
En effet, comme dit un peu plus haut, plusieurs questions se posent à propos de l’USN. Est-ce un Parti à créer ? Est-ce un Regroupement des Partis ? Est-ce une plateforme politique ? Est-ce un État d’esprit ? Quelle est son adresse ? Qui contacter pour y adhérer ? Comment y adhérer ? Qui peut ou peuvent y adhérer ? Suffit-t-il d’une simple déclaration d’intention pour y adhérer ? Voilà en gros, ce à quoi il faut répondre.
C’est ici l’occasion pour moi de souligner ce que j’ai compris lors de la 1 ère adresse du Chef de l’État. J’avoue que je peux me tromper.
En l’écoutant pendant les six minutes, j’avais la nette impression qu’ayant vécu cette expérience malheureuse avec le FCC et sachant qu’au finish, il serait le seul Comptable du bilan, il ne pouvait que se tourner vers toute personne, tout Congolais épris du désir de faire avancer le Pays, contrairement aux autres.
Des Congolais avec qui s’unir, capables de se joindre à lui dans une Union, laquelle Union sera exceptionnelle en terme d’objectifs à atteindre, donc Sacrée, pour le seul intérêt supérieur de la Nation (USN). Vraiment rien à avoir avec l’Union Sacrée de l’Opposition radicale (USORAL) qui n’avait de sacrée que l’idée de mettre ensemble les forces de l’opposition de l’époque, de les organiser pour résister face à la machine Mobutiste. Ici, c’est plus profond.
En l’écoutant donc, l’USN c’était un état d’esprit qu’il fallait avoir, comme qui dirait » LE CONGO D’ABORD ET RIEN D’AUTRE ». Mais, comme pour chaque idée lancée, il faudra passer à sa matérialisation. La rendre donc palpable. C’est ainsi qu’il faudra commencer par :
• Lui donner une forme ( Parti, Regroupement des Partis, Plateforme regroupant les Partis, les Regroupements, les Personnalités Politiques et les Associations de la Société Civile ou autres),
• Réfléchir sur les conditions d’accès,
• Faire signer un Pacte Républicain traçant la voie à suivre ou Un Acte d’Engagement,
• Mettre tout cela dans une Charte accompagnée d’un Règlement Intérieur,
• Donner une Adresse,
• Mettre en place une Coordination provisoire de départ.
2/ Faire face à la traditionnelle difficulté de faire du Neuf avec du Vieux.
Après l’étape de matérialisation de l’USN, il faudra faire face aux réalités inhérentes à la mise en place d’une telle structure. Il sied de ne pas oublier que ceux qui viennent, nous ne les inventons pas. Ce sont toujours ces Hommes Politiques et membres de la Société Civile qui viendront avec leurs Connaissances, leurs Expertises, leurs Tares et Mentalités pas toujours positives. On sera donc forcé de faire du Neuf avec du Vieux avec toutes les conséquences qui s’en suivent. D’où ;
3/ La crainte d’un passage de l’Union Sacrée à une Union Sucrée qui aboutirait à une Union Salée.
Comme à l’accoutumée chez nous, ceux qui voit l’USN de mauvais oeil, ont commencé à parler de l’Union Sucrée, peut être simplement pour critiquer. Mais, ce qu’ils ont décrié ne peut être exclut car, dans ce groupe des gens qui adhèrent en cascade à l’USN, certains y viennent par opportunisme afin de voir ce que l’USN pourra leur apporter et non ce que eux pourront apporter à l’USN. Ils viendront donc pour se sucrer.
L’expérience du FCC devra inspirer le Président sur ce cas précis car, on a vu des politiciens qui ont quitté l’Opposition tambour battant pour embrasser le FCC et qui font volte face aujourd’hui pour venir à l’USN, oubliant que le FCC a même négligé ou sacrifié certains de ses Combattants de première heure, donc d’origine du PPRD par exemple, à leur profit. Pensent-ils refaire la même arnaque à l’USN ? Il faudra ouvrir l’œil et le bon.
Par ailleurs, au sein de l’USN, les Forces du départ doivent aussi éviter de se prévaloir de plus des droits que les autres Arrivants. La prise en compte, et tout le monde devra le savoir, c’est au PRORATA de l’apport de chaque Groupe car, n’oublions pas que nous restons dans la Gouvernance Majoritaire au Parlement, c’est à dire que c’est le groupe Majoritaire au Parlement qui gouverne. Ce n’est pas difficile à comprendre.
J’entends certains dire qu’ils peuvent rester au PPRD par exemple, tout en faisant partie de l’Union Sacrée, NON… Notre Système ne le permet pas. On doit identifier un groupe clair composé soit des Députés d’un seul Parti ou d’un regroupement des Partis qui composeront l’éventuelle Nouvelle Majorité.
De toutes les façons, aucun Député ne risque de perdre son mandat car il y a jurisprudence en la matière. En septembre 2015, quand nous, nous avions quitté la majorité pour former le G7, ceux qui sont restés dans la majorité n’ont pas perdu leurs mandats quand bien même théoriquement ces mandats appartenaient à leurs Partis d’origine. Ceci, par une incongruité dénommée dédoublement des Partis.
Enfin, si nous ne tenons pas compte de tous ces aspects, l’Union sera forcément salée et cela le sera contre la République. Retenons que
-Une Union Sacrée, c’est à l’avantage du Pays
-Une Union Sucrée, c’est au profit de quelques individus et
-Une Union Salée, c’est en défaveur de la Nation.
L’idée me semble très bonne au vu de la situation du Pays la volonté semble y être.
Bonne Chance à la Patrie.
Par Hubert Thetika
Député National Honoraire
Politologue