Jeudi, 11 novembre 2021-La semaine dernière, un convoi de véhicules a été attaqué sur la route Luna-Komanda, faisant des morts. Une voyageuse rescapée a livré ce témoignage en swahili, dont nous mettons sur la place publique la traduction, afin que chacun en juge.
État congolais, avez-vous ce témoignage ? Qu’en faites-vous ? Vous taisez-vous et nous laisser tuer ? MONUSCO, pensez-vous que vous pouvez continuer à vous taire ? Congolaises et Congolais, détournerez-vous vos yeux et vos oreilles de ces évidences ? Nous attendons les explications des uns et des autres.
Voici le témoignage (traduit en français). La dame qui parle est témoin en tant que rescapée de l’attaque du convoi en question, à Trois antennes , en province de l’Ituri. (C’est dans la même zone que s’était déroulée la première attaque de ”convoi sécurisé” par la MO’USCO et les FARDC le 1er/09/2021 )
L’audio est disponible pour ceux qui en auront besoin.
« … Nous étions en train de venir, et nous approchions Trois Antennes.
La voiture de AUGU est tombée en panne. Nous étions dans la voiture de AUGU. Alors, on nous a demandé de monter dans une autre voiture, de couleur verte, car elle appartient aussi au même patron (boss). Quelques passagers sont restés dans la voiture de AUGU. Nous, nous sommes montés dans la voiture verte. Nous avons avancé jusqu’au goudron (jusqu’à la route asphaltée). Nous avons commencé la route asphaltée. La voiture de AUGU était devant, et une autre voiture ”ACTROS” suivait, et nous nous étions derrière la voiture ACTROS. Nous avançons sous la pluie. Nous avancions, et l’ACTROS s’est arrêté. Le chauffeur, (qu’on appelle MWANA SHABA, papa de USHINDI), a demandé qu’on la route, qu’on le laisse passer. L’autre a répondu : « Moi, je ne veux pas », l’autre chauffeur est allé le gronder : « Qu’y a-t-il ? laisse-nous le passage ! » L’autre a dit : « Je ne veux, c’est moi qui vais rester en arrière ? » Lui est passé. AUGU était déjà beaucoup en avance. C’est avec AUGU qu’on a commencé. On a tiré sur lui. Les cartouches sont sorties dans la bouche. Et Cédric a reçu les balles dans les pieds, et l’autre dans le ventre, celui-là on l’a opéré directement. Nous, nous venions. Nous n’avions dépassé cet ACTROS. L’ACTROS-là est venu passer rapidement, lui n’a pas été attaqué. Alors nous, qui venions derrière lui, c’est encore nous qu’on a visés. Ils ont tiré dans les pneus, et nous sommes tombés. On a frappé le chauffeur et on a tiré sur lui, mais il a fui avec des plaies. On nous a fait descendre de la voiture, et on nous a fait asseoir par terre.
Ils étaient vêtus en tenue tâche-tâche.
Il y avait parmi eux 5 adultes, des hommes et beaucoup de petits, et c’est ces petits qui avaient des armes. Il y avait aussi des fillettes, et c’est elles qui avaient des machettes et de haches.
Quand nous sommes tombés, certains sont morts dans le bus, comme Héritier, et deux bébés. On les a brûlés directement. Nous autres, on nous a ligotés. On a pris des pagnes de mamans, on les déchirés pour nous ligoter. Certains parmi nous étaient blessés. Par la grâce de Dieu, moi je n’était pas blessée. On m’a ligotée. On a passé le pagne au hanches et on a attaché mes mains derrière.
On a marché, ils disaient qu’ils vont aller nous égorger. Ils nous tiraient comme des chèvres. Si tu tombes, on te frappes et on t’oblige à te lever vite. Je me suis déliée petit à petit et je suis entrée dans la brousse. Je les voyais passer, passer, passer. Quand ils ont fini de passer avec les gens qu’ils avaient ligoter. Après ils sont allés amener les garçons qui étaient avec nous dans le bus, avec des papas. Ils leurs ont donné de hache pour démolir le bus et faire sortir les bagages. Ils les ont fait transporter ces bagages.
J’ai vu que j’étais mal positionnée. Je suis rentrée vers la grand-route.
J’ai marché dans la brousse, je rentrais vers le bus. En approchant j’ai vu que le bus était déjà brûlé. J’attendais beaucoup de bruits. J’ai pensé que ce sont des militaires et que je pourrais leur demander un loft car je viens d’échapper.
En arrivant, je trouve que ce sont toujours les assaillants qui continueraient à brûler le véhicule, ils prenaient des images et ils chantaient des chanson bizarres.
Alors la voiture de la MONUSCO est venue. J’avais envie d’aller vers la MONUSCO pour leur demander de l’aide. Mais j’ai vu qu’ils étaient en train de parler avec ces NALU, ils causaient bien avec eux. Alors, je me suis dit non. Si j’y vais, je le ramène dans le danger. Ça a fait presque deux de temps, et les militaires n’étaient pas encore venus. Ils sont partis vers 18h.
J’ai marché seule sur le goudron à ces 18h là.
La voiture de MAINING a été brûlée quand j’arrivais. Elle n’est pas tombée. On y a jeté une bombe et tout le monde est mort dedans avec tous les bagages. La MONUSCO était déjà là. Elle prenait aussi des images avec des Android.
Alors quand ils étaient partis, j’ai quitté là, j’ai pris la route. J’ai rencontré un convoi qui venait de vers Kisangani pour venir vers ici (direction de Beni, Ndlr). J’ai arrêté le convoi. C’est eux qui m’ont aidé pour l’amener à l’hôpital. Quand je suis arrivée à l’hôpital, j’ai trouvé le chauffeur AUGU et MWANA SHABA…
”
Kimikambo Gontcho, Conscience nationale en action, whatsApp +243 81 27 22 490.