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RDC : le premier face-à-face entre François Beya et les juges !

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Vendredi, 3 juin 2022-Le procès de l’ancien conseiller sécurité de Félix Tshisekedi s’est ouvert ce vendredi 3 juin devant la Haute cour militaire. François Beya est apparu « serein », vêtu de la veste de prisonnier.

L’audience n’aura duré que quelques minutes, mais l’image marquera sans nul doute les esprits. Hier encore si puissant, François Beya est apparu vêtu de la veste bleue électrique aux liserés jaunes traditionnelle des prisonniers devant la Haute cour militaire, qui siégeait pour l’occasion sous des tentes blanches au sein même de Makala, la grande prison de Kinshasa.

Une audience sans observateur – la presse n’ayant pas été autorisée -, qui s’est essentiellement employée à des formalités. La Cour a procédé à l’identification des prévenus présents, à l’enregistrement des avocats, à la lecture des charges et à l’audition des exceptions de la défense, dont certaines ont été acceptées par le Ministère public. Les avocats de François Beya ont notamment demandé une remise en liberté provisoire de leur client, avant que la séance soit levée pour une semaine.

Selon des personnes présentes, François Beya semblait calme et serein. Il a toujours nié les accusations portées contre lui.

« Complot contre le président »

Comme Jeune Afrique l’a révélé le 2 juin, l’ancien « Monsieur sécurité » de Félix Tshisekedi est poursuivi avec le colonel David Cikapa, qui était son directeur de protocole ; Guy Vanda, son secrétaire particulier ; mais aussi le brigadier Tonton Twadi Sekele, le commissaire supérieur principal Lily Tambwe Mauwa et le lieutenant-colonel Pierre Kalenga Kalenga.

Ils sont accusés d’avoir « dans une période allant de l’année 2020 au 4 février 2022 […] participé à un complot en vue d’atteinte contre la personne du président de la République ».

Transféré à la prison de Makala deux mois après son arrestation le 5 février, François Beya doit répondre des accusations de « complot contre la vie ou la personne du chef de l’État ». La justice militaire congolaise assure que François Beya a demandé à son chef du protocole, le colonel David Cikapa, d’acheter du matériel militaire auprès de Morane Consult, une société belge basée à Liège.

Cet achat, réalisé « dans le courant de l’année 2020, sans autorisation préalable du ministère de la Défense et de la Maison civile du président de la République », concernerait « trois tenues militaires, un polo militaire, un sac à dos, une paire de bottines et deux ceinturons ».

Ancien directeur général de la Direction générale de migration (DGM), Beya est également accusé d’avoir maintenu des contacts avec certaines personnalités sulfureuses de l’entourage de Joseph Kabila. Selon le ministère public, il se serait rendu à Harare, au Zimbabwe, « dans le courant de l’année 2021 », pour y rencontrer en personne le général John Numbi.

L’ex-patron de la police congolaise, général sous sanctions internationales depuis 2016, était l’un des faucons de l’armée congolaise. Officiellement visé par un mandat d’arrêt émis par l’auditorat militaire en avril 2021, Numbi a fui la RDC juste avant d’être interpellé.

Dans le passage de la citation à comparaître de François Beya qui évoque sa rencontre avec Numbi, la justice militaire congolaise précise que le général déserteur « s’active pour le recrutement d’anciens éléments du bataillon Simba [sorte de police dans la police aux ordres de Numbi] vivant en Angola et en Namibie pour renverser le régime [congolais] en place ».

Bénéficiant de réseaux dans les pays de la région, Beya est également accusé d’avoir fait de la rétention d’informations « sur des projets ou actes de trahison ou d’espionnage ». Le ministère public évoque notamment « des actes préparatoires de déstabilisation du pouvoir de Kinshasa à partir de la Tanzanie suite à la mutualisation des forces entre la RDC et l’Ouganda », dont Beya n’aurait pas informé Tshisekedi.

L’ex-conseiller du président aurait également dissimulé l’existence d’un réseau d’infiltration de miliciens Bakata Katanga, groupe sécessionniste qui sévit dans le Katanga, et caché au président certains messages de son secrétaire particulier Guy Vanda, qui sur WhatsApp aurait qualifié le régime de Tshisekedi de « régime des prévenus ». Beya se serait lui-même rendu coupable de propos injurieux à l’encontre du chef de l’État.

Demande de remise en liberté

Enfin, il est accusé d’« avoir, par quelque moyen que ce soit, incité un ou plusieurs militaires à commettre des actes contraires au devoir ou à la discipline ». Il lui est notamment reproché d’avoir, en 2021, incité le commissaire supérieur principal Lily Tambwe Mauwa à créer, « sans autorisation de la hiérarchie de la police », un sous-commissariat dénommé « Idjwi », dans l’enceinte de sa ferme privée de Mitendi.

Le même commissaire supérieur principal aurait également été incité à participer à des séances d’entraînement au tir organisé « sans autorisation » dans le Kongo-Central pour les éléments de la police nationale affectés au Conseil national de sécurité, que dirigeait Beya. « Fantomas », comme il est surnommé, sera de nouveau devant ses juges le 10 juin prochain.

 

Article tiré de Jeuneafrique

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